Une demi-douzaine de communes en Catalogne ont décidé d’interdire le voile intégral dans les locaux municipaux. Un article de François Musseau dans le Temps.
En Catalogne, où vivent quelque 250 000 immigrés musulmans (surtout d’origine marocaine), les esprits s’échauffent autour du voile intégral. Une demi-douzaine de mairies ont interdit le port de cette étoffe, qui recouvre totalement le corps de la femme, dans toutes les installations municipales. C’est Lleida, une capitale de province, qui a ouvert la voie fin mai avec la prohibition, outre de la burqa, du niqab, autre symbole d’un islam ultra-conservateur. Six autres localités catalanes – où les musulmans représentent environ 15% de la population – ont suivi l’exemple: Reus, Tarragone, El Vendrell… Cette interdiction est le fait de tous les partis politiques, sauf les indépendantistes d’ERC et les écologistes d’ICV.
«Débat artificiel»
«Le débat est artificiel, lamentable et ne sert qu’à attiser la xénophobie», enrage Abennur Prado, un des leaders de la Junta Islamica. Aux yeux des musulmans, cette interdiction crée un faux débat, puisque le port de la burqa est très rare. Mais l’argument ne convainc guère la classe politique régionale, favorable à l’interdiction de ces symboles islamiques. Le chef de l’exécutif catalan, José Montilla, a tranché: «Nous vivons dans une culture de la tête découverte. Et nous allons la défendre, aussi bien pour des raisons de mœurs que de sécurité.» La polémique fait les affaires de Plataforma per Catalunya, une des rares formations ouvertement racistes et islamophobes d’Espagne, qui compte plusieurs élus municipaux.
L’affaire n’est toutefois pas remontée jusqu’au parlement de Catalogne, au grand dam des municipalités ayant décidé l’interdiction de la burqa. Celles-ci ont prohibé son port dans les lieux municipaux, mais ont besoin d’une loi régionale pour étendre l’interdiction à la voie publique. La maire socialiste de Cunit s’explique: «Cette mesure a un but préventif. C’est la meilleure façon d’éviter des problèmes à l’avenir.» Ce zèle semble aussi avoir un ressort électoraliste; les législatives régionales ont lieu en novembre et, d’après les enquêtes d’opinion, deux tiers des votants sont favorables à la prohibition de la burqa.
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