jeudi 17 décembre 2009

Simple course Guantánamo- Genève pour un Ouzbek


ASILE | La Suisse a donné son feu vert à l’accueil à Genève d’un ex-détenu de Guantánamo. Deux Ouïgours sont sur la liste d’attente.

© BRENNAN LINSLEY / KEYSTONE | Barack Obama avait demandé à plusieurs pays d’accueillir des prisonniers de Guantánamo contre lesquels aucune charge n’a été retenue.
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LAURENT AUBERT | 17.12.2009 | 00:02

«Nous voulions régler en 2009 encore la question de l’accueil d’un ex-détenu de Guantánamo.» Eveline Widmer-Schlumpf était trop contente hier d’avoir enfin une bonne nouvelle à annoncer. Début 2010, un Ouzbek emprisonné à Guantánamo depuis 2002 sera accueilli à Genève. Cette arrivée concrétise la procédure engagée en janvier dernier, lorsque Barack Obama avait annoncé la fermeture de Guantánamo et avait demandé à plusieurs pays d’accueillir des détenus contre lesquels aucune charge n’a été retenue.

La ministre de la Justice l’a souligné, les critères de sécurité, d’intégration et de santé ont été déterminants pour la sélection que la Suisse a dû opérer. Au départ, les Etats-Unis ont proposé quatre détenus. L’enquête menée par une délégation suisse a abouti à l’élimination de l’un d’eux pour des raisons de sécurité. Les trois autres – un Ouzbek et deux Ouïgours – remplissaient en revanche toutes les conditions. Mais, comme l’a admis Eveline Widmer-Schlumpf, «le risque zéro n’existe pas, pour quelque individu que ce soit.»

Genève, qui est finalement le seul canton prêt à accueillir des ex-détenus après le désistement de Fribourg et de Zurich, a choisi l’Ouzbek. Ce dernier suivra un programme d’intégration, «il est prêt à apprendre le français, il souhaite recommencer sa vie en Suisse», a précisé la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP). Il recevra un permis humanitaire et sera autorisé à travailler. Cet homme, qui a été persécuté comme musulman en Ouzbékistan, ne peut pas rentrer dans son pays.

Le président du Conseil d’Etat genevois, François Longchamp, a souligné que cet accueil s’inscrit dans la vocation humanitaire du canton. Pour des raisons de sécurité, il s’est refusé à donner le moindre détail sur la personnalité de ce réfugié, sur la date de son arrivée en Suisse ou sur les modalités de son hébergement.

Comme la Confédération, Genève sera partiellement indemnisé par les Etats-Unis. Les modalités du transfert figurent en effet dans un mémorandum of understandingsigné par la Suisse, qui doit être encore ratifié par le Congrès américain. Eveline Widmer-Schlumpf a réfuté tout rapport entre cet accord et l’affaire UBS. «Mais cela ne nuira pas à notre image», a-t-elle reconnu.

Dans d’autres cantons
Les deux Ouïgours qui remplissent aussi les conditions pour venir en Suisse restent pour l’instant sur le carreau. La cheffe du DFJP n’a pas exclu qu’une solution puisse être trouvée dans d’autres cantons. Par la bouche de son délégué à la communication, le directeur vaudois de la Justice, Philippe Leuba, rappelle sa position: un accueil est possible à condition que la sécurité soit garantie de manière absolue. Pour l’heure, le magistrat estime que le dossier reste du ressort de la Confédération.

Si le Parti socialiste perçoit «un signe d’ouverture et de solidarité», les libéraux radicaux estiment que cette décision ne doit en aucun cas constituer un précédent. De son côté, le président du PDC, Christophe Darbellay, soupçonne la Suisse d’avoir donné «un gage de bonne volonté aux Etats-Unis». Quant à l’UDC, elle ne voit «aucune raison d’accueillir un prisonnier de guerre des Etats-Unis»

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