KASSALA, 4 décembre 2009 (IRIN) - L’est du Soudan accueille plus de 66 000 réfugiés érythréens enregistrés, dont les premiers sont arrivés en 1968, au cours des premières années de la guerre d’indépendance contre l’Ethiopie. Aujourd’hui, la politique érythréenne de conscription militaire illimitée, ainsi que la sécheresse et le manque d’opportunités économiques, poussent chaque mois quelque 1 800 personnes à franchir la frontière vers le Soudan, d’après le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
« Les réfugiés sont là depuis 30-40 ans, ce qui correspond à deux ou trois générations, et cela est assez exceptionnel », a dit Peter de Clercq, représentant de l’UNHCR au Soudan.
« Ce sont, à notre connaissance, les réfugiés dont la situation dure depuis le plus longtemps en Afrique. Cela est en grande partie dû à la situation politique en Erythrée », a-t-il dit.
Projetant leur grande évasion vers l’Europe ou Israël, les demandeurs d’asile rêvaient d’une vie meilleure au Soudan. Mais au lieu de cela, des milliers d’entre eux n’y ont trouvé que la dure réalité des conditions de vie pénibles des camps, où ils souffrent du manque de sécurité alimentaire et de soins de santé adaptés, et partagent des ressources rares avec les Soudanais.
A l’arrivée au centre de réception du camp de Shagarab dans l’Etat de Kassala, près de la frontière érythréenne, ils n’ont pas immédiatement accès à un abri approprié. Ce n’est qu’une fois que leur statut de réfugié est confirmé, ce qui peut prendre quatre à six semaines, qu’ils peuvent s’installer dans des tentes ou des huttes, qu’ils doivent souvent construire eux-mêmes.
« La vie ici est difficile. Quand on en entendait parler, de loin, cela avait l’air confortable, mais quand on vient ici, on dirait un camp de service national [érythréen], car on ne peut pas avoir d’argent », a dit un réfugié érythréen de 22 ans.
Shagarab, qui, parmi les trois principaux camps de l’est du Soudan, est celui où les conditions sont les plus mauvaises, accueille plus de 21 000 réfugiés, principalement des Erythréens, ainsi que des Ethiopiens et des Somaliens. Les 1 800 arrivées mensuelles incluent aussi de jeunes hommes qui fuient la conscription obligatoire dans l’armée érythréenne.
« J’ai travaillé dans l’armée pendant plus de 10 ans. Je suis parti parce que ma famille est très pauvre. Pas assez d’argent pour vivre en Erythrée. C’est très dur », a dit un autre réfugié de 34 ans. « Mes trois frères et moi, nous étions tous dans l’armée, donc personne ne pouvait nourrir notre famille », a-t-il ajouté.
Le Programme alimentaire mondial approvisionne les camps en aide alimentaire, mais les réfugiés disent que cela ne suffit pas. Les possibilités d’éducation des enfants ne sont pas non plus appropriées. Sur les 15 000 enfants vivant dans les 12 camps de l’est, 6 000 n’ont pas la chance de recevoir une éducation au niveau du primaire car les écoles n’ont pas la capacité de les accueillir, a dit, plus tard, à Khartoum, George Okoth-Obbo, Directeur du Bureau pour l'Afrique à l’UNHCR.
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