mercredi 2 décembre 2009

Cohn-Bendit: «Les Suisses doivent revoter»

Propos recueillis par Richard Werly Bruxelles
Daniel Cohn-Bendit: «Une tache noire sur la réputation suisse.»

Daniel Cohn-Bendit: «Une tache noire sur la réputation suisse.»

Pour l’eurodéputé vert, la riposte doit résolument êtr

Pour l’eurodéputé vert, la riposte doit résolument être politique

Le Temps: Partie de Suisse, la question de l’interdiction des minarets déferle maintenant sur le reste de l’Europe. Est-il normal de se la poser après le vote helvétique?

Daniel Cohn-Bendit: Cette question des minarets est un piège. Un piège parfait. Quoi qu’ils disent, les promoteurs de l’initiative visant à interdire la construction de nouveaux minarets s’en prennent à un symbole de l’islam et des musulmans. Or cet amalgame est non seulement insupportable, mais inacceptable: la démocratie directe ne doit pas être le prétexte pour s’en prendre à une communauté et la blesser. La limite démocratique est à mes yeux franchie. Je suis pour une démocratie directe «encadrée» par une Constitution qui ne permette pas de voter sur n’importe quoi. Une votation comme celle des minarets, qui cible une communauté en particulier, restera une tache noire sur la réputation de la Confédération. Pour l’effacer, les Suisses n’ont qu’une solution: se mobiliser et revoter.

– Mais le peuple Suisse s’est exprimé…

– Et alors? Les Suisses ont voté comme le feraient sans doute une bonne partie des Européens: avec l’angoisse vis-à-vis de l’islam rivée au corps, avec en tête les images des attentats-suicides au Pakistan et en Afghanistan. Il y a en plus eu, en Suisse, l’affaire du fils Kadhafi. C’est toute la difficulté de l’islam, dont la réalité est aujourd’hui défigurée par des petits groupes extrémistes ultra-violents. Mais cela n’excuse rien car, pardonnez-moi, la Suisse nous a dans l’histoire habitués à ce genre d’attitude. Je pense évidemment à la Seconde Guerre mondiale. La Suisse n’a alors eu aucun problème à sacrifier ceux qui butaient contre ses frontières et demandaient l’asile. Le problème helvétique, c’est cet égoïsme des riches que l’on retrouve aussi en Italie du Nord. On a vu combien de temps il a fallu à vos concitoyens pour que leur pays devienne membre de l’ONU! Cet égoïsme s’est traduit dans la votation de dimanche: on veut bien que des musulmans vivent et travaillent en Suisse. Mais à condition qu’ils se taisent et repartent un jour.

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