mercredi 25 novembre 2009

L’expulsion d’Abdiraschid ramène le débat sur l’asile au parlement

RÉSOLUTION Roger Saugy a provoqué le débat en proposant d’éviter de renvoyer les mineurs non accompagnés. Photo ARC / Jean-Bernard Sieber Le retour à Rome, il y a dix jours, d’un requérant d’asile somalien mineur et non accompagné a ému la gauche du Grand Conseil. Mais la droite ne veut plus de psychodrame sur la question. Un article de Sarah Bourquenoud dans 24 Heures.

Pour peu, le spectateur se serait senti rajeuni de quelques années: lorsque le débat faisait rage au Grand Conseil sur «l’affaire des 523 sans-papiers». Hier, ce sont les Verts qui ont lancé un premier pavé dans la mare en demandant des explications à la suite du renvoi d’Abdirashid, requérant d’asile de 17 ans, vers Rome, le 13 novembre.

Le socialiste Roger Saugy a repris le flambeau en déposant un projet de résolution concernant la protection des mineurs non accompagnés. Un texte qui a été refusé par 69 voix contre 58.

La résolution proposait que le Conseil d’Etat «veille à ce que toutes les mesures de protection de la jeunesse soient prises lorsqu’un mineur non accompagné est confié au canton». Pris à partie, le conseiller d’Etat Philippe Leuba a nié toute erreur de l’administration dans cette affaire. Il a résumé les démarches ayant mené au renvoi du mineur: les accords de Dublin permettent l’expulsion d’un requérant vers le pays où il a déposé sa première demande d’asile, dans ce cas, l’Italie. «L’Office fédéral des migrations nous a donné des garanties concernant la prise en charge de ce jeune à son arrivée. J’ai envoyé un courrier à l’ODM pour demander des réponses sur ce qui s’est passé», a assuré Philippe Leuba.

Et la clause humanitaire?

Des justifications qui ont fait bondir la gauche. «Ces explications ne sont qu’un écran de fumée pour masquer la responsabilité politique du canton, s’est insurgé Jean-Michel Dolivo, d’A Gauche toute! Ces questions auraient dû se poser avant le renvoi, et le canton aurait pu invoquer la clause humanitaire.» Philippe Leuba a répondu qu’il y a «des procès d’intention» réalisés sur la base de «faits loin d’être établis». Et d’évoquer les doutes dans cette affaire: pour sortir du camp de réfugiés en Sicile, Abdirashid aurait affirmé avoir 21 ans. En arrivant en Suisse, il aurait nié avoir déposé une demande d’asile en Italie. L’UDC Fabienne Despot juge scandaleux ces «mensonges» et demande le recours systématique à des analyses osseuses du poignet pour déterminer si les requérants d’asile sont mineurs ou non. «Une proposition sordide», rétorque la socialiste Cesla Amarelle.

Et la gauche de rappeler que la Suisse et le canton de Vaud ont estimé Abdiraschid mineur, et que son âge n’a pas été contesté. Autre point de désaccord, la résolution demandait «l’assentiment explicite» du mineur avant son expulsion. «Les requérants sont rarement d’accord qu’on les expulse», a ironisé l’UDC Jean-Luc Chollet.

Le texte a finalement été renvoyé aux oubliettes. Le centre-droite l’a martelé: «Vaud ne fera plus de régime d’exception pour les requérants d’asile.»

Mais la question des jeunes étrangers a rebondi dans un second débat, à propos de l’initiative de Jean-Michel Dolivo qui demandait un accès à la formation professionnelle pour les jeunes sans-papiers. La droite s’est insurgée contre ce qui était perçu comme un pas vers la légalisation, alors que la gauche plaidait pour une «occupation» de ces jeunes afin d’éviter la spirale de la délinquance.

L’initiative a finalement été renvoyée au Conseil d’Etat.

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