La plupart des pays attendent l’issue des discussions engagées cette semaine pour confirmer leur présence à Genève le 20 avril prochain.
C’est une semaine cruciale. Depuis lundi, les diplomates s’emploient à bétonner le projet de texte qui sera soumis à examen lors de la conférence sur le racisme, organisée à Genève du 20 au 24 avril prochain.
On saura dans quelques jours seulement si les négociations menées dans l’ombre ont porté leurs fruits. Pour l’instant, rien n’est gagné. Et la plus grande prudence reste de mise. A dix jours de l’ouverture de la conférence, on ne connaît d’ailleurs toujours pas les noms et la composition des délégations attendues. Quid des mille délégués? La plupart des gouvernements hésitent encore à fournir des listes.
Le 17 mars dernier, le Russe Youri Boychenko a déminé le terrain en convainquant les participants à la Conférence de suivi de Durban de travailler sur un nouveau document plus consensuel. Un texte allégé, de seulement dix-sept pages, qui laisse de côté les sujets qui fâchent comme la diffamation des religions, la liberté d’expression, la discrimination à l’égard des homosexuels, le colonialisme et surtout la condamnation d’Israël. Une solution de compromis arrachée de haute lutte par les diplomates grâce aux missions de bons offices conduites au sein de chaque groupe régionaux par les pays les plus modérés.
Pour que l’opération de sauvetage de Durban II aboutisse, il faut qu’un large consensus se dégage autour de l’adoption de ce nouveau texte d’ici à l’ouverture de la conférence. Autrement dit, il faut limiter le nombre des amendements. C’est tout l’enjeu du round de réunions préparatoires qui a commencé en début de semaine à Genève. En l’état, le projet de texte peut être accepté par les pays de l’Union européenne et la Suisse. La fameuse «ligne rouge» (condamnation d’Israël, diffamation des religions…) n’est pas franchie. Sauf que, au détour d’un amendement, le texte peut connaître de nouveaux glissements sémantiques.
Un risque pour la Suisse
Lundi, la Syrie, l’Iran, le Soudan, l’Algérie, le Pakistan, la Chine et Cuba ont émis des réserves. Certains sont même revenus à la charge en affichant des vues divergentes sur l’incitation à la haine raciale, la liberté d’expression, les préjudices passés et la création d’un observatoire du racisme. Si le climat est plus apaisé qu’il y a quelques semaines, des désaccords profonds subsistent. Comme pays hôte, la Suisse sait qu’elle joue très gros. Micheline Calmy-Rey a dit qu’elle n’aimerait pas voir le nom de Genève associé à un échec. Au moindre enflammement verbal d’une ou l’autre des délégations sur l’un des sujets qui fâchent, la Conférence peut tourner au pugilat médiatique. Chaque mot, chaque formulation sera passé en revue par les ONG, les médias du monde entier mais aussi par Israël qui ne fait pas mystère de sa volonté de riposter à toutes les attaques.
ALAIN JOURDAN pour 24 Heures.
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