lundi 20 avril 2009

La voie est libre pour Mahmoud Ahmadinejad

La voie est libre pour Mahmoud Ahmadinejad

Paru le Lundi 20 Avril 2009 dans le Courrier 
   SIMON PETITE    

InternationalLa voie est libre pour Mahmoud Ahmadinejad Qui a peur du grand méchant président iranien? Depuis que Mahmoud Ahmadinejad est annoncé à la tribune de la Conférence mondiale contre le racisme, les désistements se multiplient. Les Etats-Unis d'Obama ne participeront pas au sommet. Les Européens se tâtent. Micheline Calmy-Rey enverrait bien un de ses sous-fifres. Bref, la voie est libre pour l'incendiaire de Téhéran. Mahmoud Ahmadinejad est un négationniste. Aucun doute là dessus. Le président iranien a suffisamment répété que l'Holocauste était un «mythe» et aussi qu'Israël devrait être «rayé de la carte». Avant de prendre l'avion pour Genève, il a déjà donné un avant-goût de son séjour au bout du lac. «Israël est le porte-drapeau du racisme», a-t-il déclaré à la télévision iranienne. 
Si Ahmadinejad était un citoyen comme les autres, ses propos négationnistes tomberaient sous le coup de l'article 261 bis du code pénal suisse. Imaginez la scène. Quelques minutes après avoir été accueilli sur le tarmac de Cointrin, des policiers lui passent les menottes sur ordre du procureur général. Depuis que le fils Kadhafi a été brièvement arrêté, Berne n'en finit pas de se mordre les doigts. L'héritier n'avait même pas d'immunité diplomatique, alors embastiller un chef d'Etat en exercice... 
Revenons sur terre. Ahmadinejad est parfaitement légitimé à s'exprimer aujourd'hui à l'ONU; le problème, c'est que nos dirigeants ne lui disputent pas cette formidable tribune. Les idées nauséabondes véhiculées par le président iranien se combattent sur le terrain politique. Barack Hussein Obama, premier président afro-américain d'un pays marqué par la ségrégation, aurait pourtant eu de quoi dire sur le racisme. 
Pour ce chantre du multilatéralisme, c'est une occasion manquée. Aux yeux du locataire de la Maison-Blanche, la conférence sur le racisme reste entachée par les dérapages de Durban, en 2001. Obama estime peut-être qu'il aura d'autres occasions de se fâcher avec les défenseurs inconditionnels d'Israël quand, on ose l'espérer, il se confrontera à la politique expansionniste de Tel-Aviv. 
En attendant, malgré le dénigrement du processus de Durban, plus rien ne s'opposait à la participation des pays occidentaux. Tous les éléments qui leur déplaisaient ont été gommés du projet de déclaration finale. Plus aucune référence à Israël, pourtant coupable de discriminations massives à l'égard des Palestiniens. A la poubelle, la notion rétrograde de diffamation des religions. 
Ahmadinejad est un épouvantail bien commode pour disqualifier une conférence qui a aussi l'ambition d'aborder la responsabilité historique de l'Europe dans la traite des esclaves, mais aussi le sort des migrants ou des requérants d'asile. «Cela n'a rien à voir avec le racisme», rétorquent volontiers les Occidentaux. Quand des sociétés vieillissantes manquant de bras se barricadent derrière des murs toujours plus hauts, cela n'a rien à voir avec le racisme, vraiment?

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