vendredi 20 mars 2009

Eric Stauffer veut engager l'armée contre les SDF étrangers


Le patron du Mouvement citoyens genevois, Eric Stauffer, veut parquer les SDF étrangers dans une caserne militaire.

Gaëlle Cajeux - le 19 mars 2009, 22h50
Le Matin

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Nouvel épisode scabreux dans la saga d'Eric Stauffer. Le président du Mouvement citoyens genevois (MCG), connu comme le trublion de la politique genevoise - fin 2008, notamment, il faisait pleurer la présidente du Grand Conseil - a déposé mardi une motion qui sent le soufre. Selon ses termes, le MCG propose de «parquer les SDF étrangers en situation irrégulière durant la nuit dans la caserne des Vernets avec l'aide de l'armée». Quant aux SDF suisses, il leur réserve les logements adaptés et l'aide des services sociaux.

Le spectre de l'histoire
Cette distinction, cette discrimination a fait frémir le journaliste Pascal Décaillet qui réagissait, hier, dans la Tribune de Genève. «La dernière motion du MCG trempe sa plume dans l'encre la plus noire. Celle d'une Histoire qu'on espérait abolie. (...) On crée un apartheid, écrivait-il. Et d'ajouter. L'eau vive de cette motion, c'est l'eau de Vichy.» Le maire de Genève, Manuel Tornare, exprime la même inquiétude. «Il veut quoi, que l'on mette des étoiles sur la poitrine de ces gens pour les différencier?» Eric Stauffer rétorque, sûr de lui: «Il ne faut pas tout mélanger, rationalité, religion, j'en passe et des meilleures. C'est à côté de la plaque. Nous parlons de gens qui sont en situation régulière ou non régulière, qui ont une attitude normale ou criminelle.»

Criminel. Le mot est lâché. Pour le MCG, les sans domicile fixe - ils sont environ deux cents à Genève, selon le Service social - représentent une population «particulièrement active dans la criminalité urbaine», dont «une très grande partie est composée de toxicomanes et de dealers». C'est en insistant sur cet argument qu'Eric Stauffer entend fermer l'abri PCi situé sous l'école des Vollandes (quartier des Eaux-Vives), qui accueille une centaine de SDF chaque nuit. Selon lui, cet accueil se fait «au détriment de la tranquillité et de la sécurité des citoyens. Il y a des bagarres, on retrouve des seringues... Les habitants n'en peuvent plus.»

«C'est du délire! On rêve! s'emporte Manuel Tornare. Manifestement, Eric Stauffer ne connaît pas le dossier.» Adjoint de direction au Service social de la Ville de Genève, Philippe Bossy explique: «Depuis deux ans, nous avons mis en place un partenariat entre l'école, le Service social, les forces de l'ordre et nous n'avons plus de doléances.» Même s'il reconnaît qu'une part de la population SDF a une activité délinquante, il souligne que le lien entre SDF et criminalité n'est pas pertinent. Ce que soutient également Véronique Pürro, députée socialiste au Grand Conseil. «Il se trouve que j'habite à 50?m de l'abri et je peux vous assurer que je n'ai jamais été en situation d'insécurité. Faire cet amalgame, c'est vraiment utiliser les plus démunis de manière scandaleuse. C'est nauséabond!»

Les parquer avant de les expulser
Le plan du MCG va plus loin. S'il prévoit de «parquer» les sans-domicile-fixe en situation irrégulière à la caserne des Vernets, c'est dans le but avoué de «trouver une solution afin de les expulser». «C'est de la récupération politicienne», s'étrangle Véronique Pürro. «Il y a des échéances électorales en automne, rappelle Manuel Tornare. Il semble que tout soit permis... Mais je trouve que, là, Eric Stauffer dérape.»

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