Washington n’exclut plus de participer à la Conférence sur le racisme organisée à Genève du 20 au 24 avril. Un article d'Alain Jourdan dans la Tribune de Genève.
La nouvelle administration américaine semble bel et bien décidée à reconsidérer ses positions quant à sa participation à la prochaine Conférence sur le racisme organisée à Genève en avril prochain. Mieux, elle n’exclut même plus de rentrer au Conseil des droits de l’homme. Une petite révolution de Palais… L’actuel ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU, Warren W. Tichenor, s’étant montré toujours très critique envers cet organe des Nations Unies. Dans les couloirs du Palais des Nations, on s’impatiente de connaître le nom de son successeur.
Signe en tout cas que les choses bougent, Washington a dépêché une délégation à Genève pour réintégrer le processus de Durban. Le département d’Etat a précisé que ce retour n’avait rien de définitif. Pour l’instant les positions des Européens et des pays arabes et africains sont inconciliables. L’Organisation de la conférence islamique défend mordicus le concept de diffamation des religions dont les occidentaux ne veulent pas entendre parler. Plusieurs pays exigent aussi l’ajout d’un chapitre très contesté sur la reconnaissance de l’esclavage et des réparations que cela appelle. L’administration Obama peut-elle encore déminer le terrain et donner une nouvelle impulsion? Le secrétaire général de l’ONU le croit. Après s’être félicité du retour des Etats-Unis, Ban Ki-moon a dit qu’il fallait maintenant régler «les questions en suspens (…) afin d’assurer le succès» de la conférence sur le racisme. Trouver un texte de compromis s’annonce difficile mais plus impossible. L’ambassadeur de France auprès des Nations Unies à Genève, Jean-Baptiste Mattei, observe que les nouvelles positions américaines «contribuent à améliorer le climat».
Un enjeu pour la Suisse
Tout le monde est d’accord pour dire que les Etats-Unis viennent d’envoyer un signal fort. Les pays arabes et africains qui appelaient eux-mêmes de leurs vœux ce retour des Etats-Unis ne peuvent plus prendre la responsabilité de bloquer le processus en cour. Dans ce contexte, la diplomatie suisse va s’efforcer de jouer de tout son poids et de toute son influence pour sauver la conférence d’avril prochain. Comme pays hôte elle sait le partie qu’elle peut tirer d’un succès diplomatique planétaire mais ne mésestime pas non plus les effets d’un éventuel fiasco pour son image. D’autant que, comme en 2001, la question israélo-palestinienne pourrait bien envahir les débats. Il y a huit ans, plusieurs pays et organisations non gouvernementales avaient utilisé la conférence comme une tribune, donnant lieu à des dérapages antisémites.
Après avoir annoncé qu’elle réintégrait le processus de Durban, La Maison-Blanche a d’ailleurs dû rassurer les leaders de la communauté juive américaine. Israël qui craint de voir la conférence déraper comme en 2001 appelle à son boycott. «Israël attend du monde libre qu’il ne participe pas à Durban II», vient de déclarer Tzipi Livni. Pour l’instant l’administration Obama répond qu’en participant les Etats-Unis pourront maîtriser son déroulement. «Les nouvelles positions américaines contribuent à améliorer le climat»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire