Les habitants de Vallorbe se sont déplacés en nombre pour assister à la projection du film consacré à la vie du Centre d’enregistrement et de procédure établi dans leur ville. Un article de Audrey Cuche dans 24 Heures.
Dimanche, 15 heures, la salle du Casino de Vallorbe est comble. Plusieurs centaines de personnes, Vallorbiers et requérants confondus, se sont déplacées pour assister à la projection «privée» du film de Fernand Melgar. Le réalisateur de La forteresse souhaitait organiser cette projection pour les Vallorbiers afin de les remercier et de leur permettre de découvrir son oeuvre tournée près de chez eux. Par le fruit du hasard, cette projection a eu lieu une année exactement après le tournage des premières images.
En réalisant La forteresse, Fernand Melgar souhaitait inciter les gens à se poser des questions et espérait pouvoir changer leur regard sur les requérants d’asile. Pari réussi, à entendre cette Vallorbière qui avoue qu’elle portera un autre regard sur ces requérants. «Je ne savais pas qu’il y avait des enfants et des personnes séparées de leurs parents, avoue-t-elle. J’ai été bouleversée par leur tristesse. Je crois que ce film a beaucoup ému les Vallorbiers.»
DÉBAT Fernand Melgar voulait, par son film, susciter un débat sur l’asile: il a tenu son pari, dimanche à Vallorbe, où les habitants sont venus en nombre. VALLORBE, LE 14 DÉCEMBRE 2008, Joana Abriel
«Vous avez su me toucher»
Au cours de la projection, les spectateurs rient des blagues des protagonistes et, la seconde d’après, ils sont pris par l’émotion face à l’histoire d’un requérant. «Monsieur Melgar, vous avez su me toucher. J’ai beaucoup pleuré», lance un Vallorbier après la projection.
André-Georges Leresche, ancien municipal, a trouvé le film remarquable: «On y découvre les sentiments des requérants et du personnel chargé de les auditionner. Ce film est avant tout humain. J’espère sincèrement qu’il va changer les mentalités. »
«Je n’imaginais pas ça»
Fatbardha Nela, 22 ans, Vallorbière d’origine albanaise, a été très marquée elle aussi par le film. Même si elle n’est pas passée par un centre d’enregistrement pour obtenir ses papiers, elle s’est intéressée de près au tournage et au sort des requérants: «Je n’imaginais pas qu’ils vivaient comme ça et qu’ils étaient tous dans des dortoirs. Ce film m’a fait découvrir leur quotidien.»
«Les problèmes demeurent»
Malgré La forteresse, les problèmes que peuvent causer les requérants subsistent, explique cette quinquagénaire, qui vit à Vallorbe depuis son enfance: «C’est vrai qu’on a pitié de certains d’entre eux, mais, pour d’autres, on ressent moins de pitié. Finalement, mon impression ne change pas. Il y a toujours certains points négatifs, dont ce problème d’alcool (ndlr: dans le secteur de la gare) qui est toujours présent.» Jacques-André Galland, membre de l’association d’aide aux requérants (ARAVOH), se réjouit tout de même d’une certaine évolution: «Le projet du centre avait été présenté à la population dans cette salle du Casino et avait été accueilli par des réactions violentes. Aujourd’hui, cette même salle était comble et remplie d’applaudissements!
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