En vertu de la nouvelle loi fédérale sur les étrangers, l’Etat reprend à son compte le travail effectué jusque-là par le Centre social protestant. L’association se dit déçue. Un article de Viviane Menétrey dans 24 Heures.
Pas le choix. A lire la décision du Conseil d’Etat publiée hier, impossible de confier plus longtemps au Centre social protestant (CSP) la promotion de l’intégration dans le canton. Le mandat qu’il détient depuis 2001 et qui semble avoir donné entière satisfaction, son «travail de pionnier» étant salué, s’achève d’un coup d’un seul, en vertu de la nouvelle loi sur l’intégration des étrangers.
Le CSP regrette la perte de «cette activité passionnante», mais déplore surtout «que plusieurs associations non gouvernementales, compétentes et appréciées par les partenaires» se retrouvent dans la même situation, suite à la reprise par l’Etat de la promotion de l’intégration.
Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre les milieux associatifs et le canton?
Si tel est le cas, Philippe Leuba en est le premier surpris. «La loi fédérale nous oblige à n’avoir qu’un seul répondant cantonal. On peut critiquer ce cadre, mais il nous est imposé, réagit le chef du Département de l’intérieur. Au lieu de rompre purement et simplement avec le CSP, nous avons décidé d’associer ses membres à la discussion afin de trouver la meilleure façon d’effectuer cette transition en douceur, c’est-à-dire progressivement jusqu’en 2010.» Et de préciser que les quatre collaborateurs actuels répartis entre Bex, Yverdon, Renens et Nyon, seront réengagés par l’Etat «afin de ne pas perdre «leur précieuse expérience», tout comme le gouvernement poursuivra sa collaboration avec le centre social.
«Les étrangers risquent de se méfier»
Une transition sur deux ans, du personnel réengagé, une démarche participative: au fond, qu’est-ce qui chiffonne le CSP? Si sa directrice, Hélène Küng, «comprend » la volonté du canton de centraliser la promotion de l’intégration, elle peine à croire que c’était l’unique solution. «C’est vrai, beaucoup de cantons ont choisi cette interprétation, mais d’après les échos de plusieurs associations, ce choix n’était pas obligatoire.
Nous n’avons d’ailleurs jamais fait mystère que nous regrettions le retrait de ce mandat.» L’analyse est partagée par le député popiste Bernard Borel, ancien président du centre. Selon lui, rapatrier l’intégration dans le giron de l’Etat est avant tout une décision politique qui pourrait générer une certaine confusion, voire une désertion chez les principaux intéressés. «Envoyer des personnes au bénéfice d’une admission provisoire solliciter de l’aide pour leur intégration alors que cette même institution peut leur retirer leur permis du jour au lendemain risque de les rendre méfiants.»
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