lundi 19 mai 2008

Démontage de la propagande raciste de l'UDC valais

Lire l'enquête d'Yves Lassueur dans l'Illustré

II dit avoir été traité de «bâtard de Suisse» puis frappé par des étrangers. L'UDC relaie sa colère sans rien vérifier. Les faits jettent pourtant une lumière crue sur l'attitude de la «victime».
Texte: Yves Lassueur Photos: Sedrik Nemeth
Le 9 avril dernier, le site internet de l'UDC, section Valais romand, publie un article (lire ci-dessous) en forme de témoignage à faire se dresser les cheveux sur la tête. Son auteur est un Valaisan de 22 ans, Lionel Moix, polygraphe dans une imprimerie du canton.
Quatre jours plus tôt, raconte-t-il, il a été insulté et frappé au cœur de Sion par un groupe d'agresseurs en proie à une véritable furie raciste anti-Blancs. Lui, le Suisse, le Valaisan, allait entrer dans un bar en compagnie d'une amie et d'un ami, dimanche 6 avril vers 2 heures du matin, quand il a été pris à partie. Extrait de son texte: «J'entends tout d'un coup: «Hey! Trou du cul de blanc, bâtard de Suisse», venant d'un groupe de 7 personnes. Les esprits s'échauffent des deux côtés. Le securitas du bar nous demande alors poliment de partir et nous interdit l'accès du bar.

» Nous décidons de finir la soirée dans un autre pub, mais c'est sans compter sur nos agresseurs, qui nous pourchassent. Ils sont désormais 25. Nous atteignons un petit café, une occasion pour mettre fin à cette poursuite. Pourtant, le serveur en pleine fermeture refusa de nous laisser rentrer pour appeler la police. Nous laissant ainsi à la merci de nos agresseurs.
» Quelques instants après, ils nous rattrapent. Malgré une défense désespérée, les coups se mettent à pleuvoir. Lorsqu'ils cessent, un homme d'environ 25 ans, d'origine maghrébine me dit: «Mec, excuse-toi d'être blanc, excuse-toi d'être Suisse, sinon on t' envoie à l'hosto!» Je ne m'exécute pas et les coups recommencent de plus belle. Peu après, les patrouilles de police arrivent et les agresseurs s'enfuient.» Lionel Moix dit avoir passé une semaine à l'assurance pour cause d'enfoncement de la pomme d'Adam et contusions. Il a déposé plainte «pour punir ces gens comme il se doit. Mais avant tout j'aimerais dénoncer le développement du racisme anti-Blancs en Valais!»
Doigts d'honneur
Un récit tellement effarant qu'on ne peut s'empêcher d'y aller voir de plus près. Après tout, un Suisse «agressé par une horde d'une vingtaine d'individus, tous étrangers selon lui», comme ï écrira à son tour Le Nouvelliste en date du 16 avril, c'est assez révoltant pour qu'on ne laisse pas passer sans réagir. Autrement dit, sans recueillir d'autres témoignages.
Et, là, il faut commencer à déchanter E. et R., les deux jeunes amis suisses de Lionel Moix qui l'accompagnaient dans cette folle nuit sont aux abonnés absents. Impossible de leur parler ou même de savoir qui ils sont: Lionel Moix refuse de les mettre en contact avec la prsse. On sait juste qu'ils sont tous deux Suisses. Et qu'ils ont refusés de s'associer à la plainte qu'il a déposée.
Filons donc au pub Saint-Jan devant lequel les premiers acccrocahgess verbaux ont eu lieu. Cette nuit là, c'est l'agent de sécurité valaisan Gérald Logean qui était de faction à l'entrée de l'établissement Commenent l'algarade a commencé, il ne pourraitle dire. «Mais ce dont je souviens, c'est que ce monsieur (Lionel Moix) n'arrêtait pas de faire le salut nazi, ce qui faisait monter les tours aux autres. Je lui a d'arrêter; ça ne faisait qu'augmenter la tension mais il continuait de toute évidence, il était vraiment soul.]

Finalement, tous ont fait ce que je leur demandais: ils ont évacué les lieux avant que ça ne dégénère devant le pub.»
Parmi les jeunes immigrés qui se trouvaient là, Shahow*, un apprenti sédunois de 18 ans, fils de réfugiés iraniens, venu en Suisse il y a huit ans, accepte de parler. «Cette nuit-là, nous étions un groupe de copains de 15 à 19 ans, des Suisses et des étrangers. Devant le Saint-James, on ne pouvait pas entrer, c'était bondé, alors j'ai dit: «On se bouge?» Sur quoi un gars (Lionel Moix) me lance: «C'est à moi que tu parles?» «Non.» «Tu es sûr? Sinon...» «Sinon quoi?» Et, là, il se met à nous balancer des insultes racistes, à nous faire des doigts d'honneur et à nous mettre au défi de le cogner.»
Shahow soutient que ni lui ni son groupe de copains n'ont j amais injurié Lionel Moix, mais admet qu'ils l'ont suivi, lui et ses deux amis, pour qu'il s'excuse des insultes racistes qu'il avait proférées.
«En cours de route, c'est vrai qu'il a reçu un coup de poing - un seul, donné par l'un d'entre nous. Mais il n'arrêtait pas de nous provoquer et continuait à nous faire des doigts d'honneur. Même sa copine a tenté de calmer le jeu en disant: «II ne s'excusera jamais! C'est un raciste!»
Ce scénario, Adrien*, 17 ans, le confirme. Apprenti sédunois, Valai-san pure souche comme en témoigne son nom de famille, il énumère les insultes racistes que Lionel Moix déversait sur son groupe de potes
et même sur lui alors qu'ils se trouvaient devant le Saint-James: «Sales nègres! Putains d'étrangers!» Mon copain lui a répondu gentiment. Et on ne l'a suivi dans la rue que pour qu'il s'excuse de ses insultes racistes. Les victimes, dans cette histoire, c'est nous.»
Personnes intouchables?
Et qu'a donc fait la police? Rien de rien, selon Lionel Moix. Sur le site de l'UDC, il laisse carrément entendre qu'elle protège les étrangers: «Sous prétexte de fichiers de personnes intouchables, écrit-il, les policiers n'ont procédé à aucune interpellation.»
De quoi faire bondir Jean-Marie Bornet, responsable de la communication à la Police cantonale valai-sanne: «Quand nos patrouilles sont arrivées, il n'y avait pas de bagarres en cours. Et M. Moix ne s'est pas plaint d'avoir été frappé. En revanche, il donnait des signes manifestes d'ivresse et hurlait: «Putains de Yougos! C'est votre boulot de les foutre dehors!» Pour le reste, c'est non seulement faux mais ridicule de parler de «fichiers de personnes intouchables». Contrairement à ce que dit ce monsieur, nous avons recueilli cette nuit-là assez d'éléments pour établir l'identité de toutes les personnes présentes. Une enquête est ouverte pour déterminer ce qui s'est passé. Nous allons investiguer à charge comme à décharge.»
Lionel Moix n'a donc plus qu'à patienter, en suivant les rebonds médiatiques de l'affaire, rebonds qu'il a lui-même provoqués. Après la nuit du 6 avril, il a commencé par publier sa version sur Novopresse, une «agence» très à droite qui fonctionne surrinternet. «Le lendemain, dit-il, l'UDC me demandait si elle pouvait reprendre mon récit sur son site, ce que j'ai accepté.»
Maintenant, cette même UDC, qui n'a rien vérifié, lui demande s'il veut adhérer au parti. Lionel Moix n'a pas encore répondu, mais ce serait apparemment une bonne recrue: en plus des idées et de la fantaisie, il a déj à la queue de cheval.

Le post à l'rigine de ces racontards avait également été repris dans toute une ribambelle de site racistes et d'extrême-droite en Europe...

«Mec, excuse-toi d’être blanc, excuse-toi d’être Suisse, sinon on t’envoie à l’hosto!».

sion.jpgAu soir du 5 avril 2008, nous fêtons l’anniversaire d’un ami dans un bar de Sion. Pris d’une envie de changer d’air, nous décidons d’aller voir le pub d’à côté sans penser que cette soirée si riche en rire et en amitié allait tourner au cauchemar.

A l’entrée avec deux de mes amis, E. et R., j’entends tout d’un coup: «Hey! Trou du cul de blanc, bâtard de Suisse!» venant d’un groupe de 7 personnes. Les esprits s’échauffent des deux côtés. Le securitas du bar nous demande alors poliment de partir et nous interdit l’accès du bar alors que d’autres de nos amis nous y attendaient.

Nous décidons de finir la soirée dans un autre pub pour un dernier verre, mais c’est sans compter sur nos agresseurs qui nous pourchassent. Ils sont désormais 25. Nous atteignons un petit café, une opportunité pour mettre fin à cette poursuite. Pourtant, le serveur en pleine fermeture refusa de nous laisser rentrer pour appeler la police. Nous laissant ainsi à la merci de nos agresseurs.

Quelques instants après, les agresseurs nous rattrapent. Malgré une défense désespérée, les coups se mettent à pleuvoir. Lorsque qu’ils cessent, un homme d’environ 25 ans d’origine maghrébine me dit: «Mec, excuse-toi d’être blanc, excuse-toi d’être Suisse, sinon on t’envoie à l’hosto!». Je ne m’exécute pas et les coups recommencent de plus belle. Peu après, les patrouilles de police arrivent et les agresseurs s’enfuient. Sous prétexte d’un fichier de personnes intouchables, les policiers n’ont fait aucune interpellation ce soir-là.

Une semaine d’assurance avec enfoncement de la pomme d’Adam et contusions, voici le résultat de cette triste soirée. Sans compter l’humiliation d’avoir été insulté de bâtard de Suisse dans mon propre pays. Une plainte a été déposée pour punir ces gens comme il se doit, nous osons espérer que la justice suisse fera son travail. Mais avant tout j’aimerais dénoncer le développement du racisme anti-blanc en Valais !

Lionel Moix

NB: il faut préciser que l’une des personnes qui accompagne Lionel est une fille.

Cet article a été écrit le 9 avril 2008 à 21:19 sur le catégorie Actualités Jeunes UDCVR.

L'article publié le 18 avril par Le Nouvelliste

TEMOIGNAGELionel Moix d'Euseigne a été agressé par une horde d'une vingtaine d'individus, tous étrangers selon lui. Une plainte pénale a été déposée. La police reste prudente.

Lionel Moix sur les lieux de l'agression: «Mon cas n'est pas isolé. Il faut que justice soit faite.» MAMIN

«Si je témoigne aujourd'hui, c'est pour leur prouver que je n'ai pas peur et pour essayer d'améliorer la sécurité dans nos rues.» Lionel Moix n'en revient toujours pas. Ce jeune polygraphe de 22 ans, originaire d'Euseigne, a vécu «un vrai cauchemar» dans la nuit du 5 au 6 avril dernier. Tabassé par une bande de jeunes, tous étrangers selon lui, sous prétexte qu'il est Suisse, il a décidé de ne pas laisser ce délit impuni et de parler ouvertement - à la presse notamment - pour dénoncer un cas qu'il dit ne pas être isolé. De son côté, la police cantonale reste prudente sur le déroulement des faits et relève le caractère raciste des propos tenus par Lionel Moix à l'encontre de ses agresseurs au moment de l'intervention (lire encadré).

Les faits

Samedi soir 5 avril, Lionel fête l'anniversaire de l'une de ses amies dans un bistrot de la capitale. A 1 heure du matin, lorsque l'établissement ferme ses portes, lui et ses amis décident d'aller boire un dernier verre dans un autre bar du centre-ville. «Arrivé devant la porte, au moment de descendre les quelques marches, j'ai entendu derrière moi un type qui m'a balancé: bâtard de Suisse, trou du cul de Blanc! Forcément je ne pouvais pas laisser passer ça!» Lionel se retourne et demande des explications. Les esprits s'échauffent des deux côtés. Le sécuritas intervient et demande à Lionel de s'en aller. Avec deux de ses amis, Christine* et David*, le natif d'Euseigne décide d'aller boire un verre dans un autre bar. C'était sans compter que celui qui vient de l'agresser verbalement le suit maintenant avec une vingtaine d'autres individus. «Une véritable petite milice», souligne-t-il. Les trois copains prennent peur. «On a accéléré le pas jusque devant un café qui fermait à ce moment-là. J'ai demandé au serveur de nous laisser entrer pour que l'on puisse appeler la police, mais celui-ci a refusé. Il nous a juste dit qu'il ne pouvait rien faire pour nous, qu'on avait qu'à se débrouiller.»

Le trio décide alors de rallier un bar à deux rues de là. Sans succès. «J'ai senti un premier coup sur ma nuque», se souvient Lionel. «Christine s'est mise devant moi et m'a pris dans ses bras, mais les gars l'ont poussé de manière à m'avoir dans leur ligne de mire.» Lionel reçoit plusieurs coups de poing dans le ventre et dans les côtes. «Les mecs voulaient que je m'excuse d'être Suisse. Ce que je ne pouvais pas faire.» Il reçoit alors un coup de poing dans la pomme d'Adam, ce qui lui vaudra une semaine d'arrêt de travail. «J'ai tenu debout quelques secondes avant de m'affaisser. Je ne pouvais plus parler, plus respirer.» Christine alerte la police. Trois patrouilles arrivent. «Mais les policiers n'ont rien fait. Ils m'ont dit que ces jeunes étaient connus et fichés, mais qu'ils ne pouvaient pas les interpeller. Je n'y comprends rien... Pourquoi laisse-t-on agir de tels individus sans bouger le petit doigt?»

Soif de justice

S'estimant victime d'une injustice, Lionel décide de porter plainte contre ses agresseurs et contre le serveur qui ne l'a pas secouru. «J'ai envie de me faire entendre. C'est le genre d'agression qui arrive souvent, il faut qu'il y ait des gens qui osent témoigner, si l'on veut améliorer la sécurité dans nos rues.» Le jeune polygraphe a d'ailleurs diffusé son témoignage sur le site Novopress et celui de l'UDCVr. Il a en outre adressé une lettre motivée au commandant de la police cantonale. «Je suis Suisse de sang et de coeur et personne ne pourra me l'enlever.»

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