Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse d'Amnesty International est l'invité de la rubrique Réflexions de 24 Heures: «Les partisans des Taser affirment que le risque d’une issue fatale est moins grand qu’avec une arme à feu.L’argument fait froid dans le dos»
Ironie du sort, c’est le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, que le Conseil des Etats décidera d’autoriser ou non l’usage des armes paralysantes à électrochocs – les fameux Tasers – dans le cadre des mesures de contrainte lors de l’expulsion d’étrangers. Le Conseil national, lui, s’est déjà prononcé en faveur de l’utilisation de ces armes qui permettent, à coups de décharges électriques pouvant atteindre 50 000 volts, d’immobiliser des individus récalcitrants, malheureusement parfois au péril de leur vie.
Un seul exemple: le 14 octobre, un immigrant polonais de 39 ans a été maîtrisé par un Taser après avoir attendu durant des heures à l’aéroport de Vancouver. Selon une vidéo tournée par un témoin, l’homme, très agité, a renversé des chaises et jeté un ordinateur à terre avant d’être terrassé par deux décharges électriques. Il est décédé quelques instants après. Si dans ce cas précis, le lien direct entre le décès et le Taser n’a pas été formellement établi, ce cas démontre à l’envi que cette arme peut facilement être utilisée de manière totalement disproportionnée. Ce n’est là qu’un cas récent mais ô combien caricatural de la dangerosité des Tasers parmi les près de 300 décès recensés par Amnesty International entre juin 2001 et novembre 2007 aux Etats-Unis et au Canada. Les armes de type Taser, présentées par leur fabricant comme non létales, ne sont pas des armes banales. Leur usage doit être proportionnel à la menace qu’elles sont censées devoir écarter et devrait donc être réservé aux situations dans lesquelles les forces de l’ordre seraient légitimées à utiliser des armes à feu.
L’argument central des partisans des Tasers dans le cadre d’expulsion d’étrangers est d’affirmer que le risque d’une issue fatale est moins grand qu’avec une arme à feu. L’argument fait froid dans le dos. Il signifie, a contrario, que si les Tasers n’existaient pas, on devrait autoriser l’usage des armes à feu! Parlons-nous ici de lutte contre le grand banditisme ou contre le terrorisme, ou simplement de l’exécution de décisions, le plus souvent administratives, d’expulsion du territoire? Est-il vraiment nécessaire d’utiliser des armes potentiellement mortelles contre des personnes – même récalcitrantes – dont le seul «délit» est d’avoir séjourné illégalement en Suisse? La plupart d’entre elles sont des personnes déjà placées en détention, désarmées et, la plupart du temps, menottées et ne présentant pas un grand danger, pour elles-mêmes ou pour autrui.
André Duvillard, chef de la police Neuchâteloise
Même certains chefs de police s’opposent fermement à l’introduction du Taser dans leur arsenal. Une attitude confortée par la déclaration récente du Comité des Nations Unies contre la torture: «L’utilisation du Taser, arme qui provoque une douleur extrême et constitue une forme de torture, peut même dans certains cas provoquer la mort.» Il ne reste plus qu’à espérer que cette journée anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ait une influence bénéfique sur les débats de la Chambre des cantons. Les sénateurs et sénatrices ont l’obligation morale de s’opposer à l’introduction des Tasers dans la loi.
Ironie du sort, c’est le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, que le Conseil des Etats décidera d’autoriser ou non l’usage des armes paralysantes à électrochocs – les fameux Tasers – dans le cadre des mesures de contrainte lors de l’expulsion d’étrangers. Le Conseil national, lui, s’est déjà prononcé en faveur de l’utilisation de ces armes qui permettent, à coups de décharges électriques pouvant atteindre 50 000 volts, d’immobiliser des individus récalcitrants, malheureusement parfois au péril de leur vie.
Un seul exemple: le 14 octobre, un immigrant polonais de 39 ans a été maîtrisé par un Taser après avoir attendu durant des heures à l’aéroport de Vancouver. Selon une vidéo tournée par un témoin, l’homme, très agité, a renversé des chaises et jeté un ordinateur à terre avant d’être terrassé par deux décharges électriques. Il est décédé quelques instants après. Si dans ce cas précis, le lien direct entre le décès et le Taser n’a pas été formellement établi, ce cas démontre à l’envi que cette arme peut facilement être utilisée de manière totalement disproportionnée. Ce n’est là qu’un cas récent mais ô combien caricatural de la dangerosité des Tasers parmi les près de 300 décès recensés par Amnesty International entre juin 2001 et novembre 2007 aux Etats-Unis et au Canada. Les armes de type Taser, présentées par leur fabricant comme non létales, ne sont pas des armes banales. Leur usage doit être proportionnel à la menace qu’elles sont censées devoir écarter et devrait donc être réservé aux situations dans lesquelles les forces de l’ordre seraient légitimées à utiliser des armes à feu.
L’argument central des partisans des Tasers dans le cadre d’expulsion d’étrangers est d’affirmer que le risque d’une issue fatale est moins grand qu’avec une arme à feu. L’argument fait froid dans le dos. Il signifie, a contrario, que si les Tasers n’existaient pas, on devrait autoriser l’usage des armes à feu! Parlons-nous ici de lutte contre le grand banditisme ou contre le terrorisme, ou simplement de l’exécution de décisions, le plus souvent administratives, d’expulsion du territoire? Est-il vraiment nécessaire d’utiliser des armes potentiellement mortelles contre des personnes – même récalcitrantes – dont le seul «délit» est d’avoir séjourné illégalement en Suisse? La plupart d’entre elles sont des personnes déjà placées en détention, désarmées et, la plupart du temps, menottées et ne présentant pas un grand danger, pour elles-mêmes ou pour autrui.
André Duvillard, chef de la police Neuchâteloise
Même certains chefs de police s’opposent fermement à l’introduction du Taser dans leur arsenal. Une attitude confortée par la déclaration récente du Comité des Nations Unies contre la torture: «L’utilisation du Taser, arme qui provoque une douleur extrême et constitue une forme de torture, peut même dans certains cas provoquer la mort.» Il ne reste plus qu’à espérer que cette journée anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ait une influence bénéfique sur les débats de la Chambre des cantons. Les sénateurs et sénatrices ont l’obligation morale de s’opposer à l’introduction des Tasers dans la loi.
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