mercredi 10 octobre 2007

Les étrangers bientôt élus au Conseil d’Etat?

L’initiative lancée par Josef Zisyadis a été acceptée hier par la commission parlementaire. Les Vaudois pourraient être appelés aux urnes.


CONFIANT Josef Zisyadis croit au succès de son initiative
devant le Grand Conseil. Après, les Vaudois décideront

PATRICK MARTIN

Même Josef Zisyadis n’en croit pas ses yeux. C’est dire si la décision prise hier matin par la commission du Grand Conseil d’accepter son initiative sur le droit de vote et d’éligibilité des étrangers au niveau cantonal est historique. Et pour le moins inattendue, confie le popiste au bout du fil avant de se réjouir de «ce joli pied de nez du canton» face à «la politique xénophobe» de l’UDC.

La victoire est d’autant plus spectaculaire que la bataille s’annonçait difficile, voire perdue d’avance. Pas évident de faire passer l’idée que les étrangers autorisés à résider en Suisse depuis dix ans et domiciliés dans le canton depuis trois ans puissent voter et se faire élire au Grand Conseil ou au Conseil d’Etat, alors que cette même proposition avait été balayée quelques années plus tôt par la Constituante. Encore moins évident dans une commission où le centre-droite, qui s’y est toujours opposé, est majoritaire. Et pourtant, à 6 voix contre 5, les députés ont décidé d’accepter d’élargir les droits que les étrangers ont depuis 2003 au niveau communal. «C’est la première fois qu’une commission se prononce en faveur de l’éligibilité des étrangers au niveau cantonal», se réjouit Josef Zisyadis, précisant que les cantons de Neuchâtel et du Jura accordent déjà le droit de vote sur le plan cantonal aux étrangers.

Radical dissident

C’est le radical Serge Melly qui s’est détaché de ses collègues du centre-droite (2 rad., 2 UDC et 1 lib.). Connu pour ses positions en faveur des requérants d’asile, le syndic de Crassier était pourtant opposé au vote et à l’éligibilité des étrangers au moment de la Constituante. Mais, «les temps ont changé, estime-t-il. Aujourd’hui, des étrangers sont syndics de leur commune et tout se passe bien. Le hiatus entre communes et canton n’a pas lieu d’être.»

L’initiative doit encore passer l’examen du Grand Conseil. Josef Zisyadis se veut confiant, même si, admet-il, les jeux seront serrés. Egalement membre de la commission et favorable au texte, le socialiste Stéphane Montangero nuance: «Il y aura un gros travail de persuasion à faire, mais espérons que certains radicaux et libéraux auront le courage de se démarquer.»

Reste que, si l’initiative est adoptée par le Grand Conseil, elle devra encore passer devant le peuple, modification de la Constitution oblige. Et là, le combat s’annonce acharné.

Un article de Viviane Menétrey pour 24 Heures

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