jeudi 18 octobre 2007

36 chandelles

Une élue socialiste cosigne un recueil de nouvelles pour exprimer sa révolte et aider les requérants d'asile.



Pour commandez
La Montreusienne Sabine Dormond
met sa plume au service de ses convictions.
Bien écrit et plein de finesse,
le résultat tient la route.
«Il devrait intéresser et convaincre
au-delà du cercle des convertis»,
espère l’auteur...
MONTREUX, LE 17 OCTOBRE 2007


Le 24 septembre 2006, «sonnée par l'ampleur de la défaite», Sabine Dormond «voit 36 chandelles». Au lendemain de la votation sur la nouvelle loi sur les étrangers et sur la révision du droit d'asile, germe dans son esprit l'idée d'un recueil de nouvelles engagées. A l'image de ce qu'avait fait précédemment Hélène Küng, la médiatique pasteure lausannoise, qui sera associée comme coauteur au projet.

Réponse dérisoire à la remise en cause profonde des principes guidant la Montreusienne? Ou nécessaire sonnette d'alarme citoyenne? Au lecteur de décider. Le livre est vendu au profit du Service d'aide juridique aux exilés (SAJE). Il s'intitule 36 chandelles. Une par histoire. Et cette envie, commune à toutes, d'éclairer le chemin.

Toutes proportions gardées, dans ses meilleurs moments, le résultat n'est pas sans évoquer Buzzati ou Kafka. Beaucoup de ces «nouvelles et billets pour carburer» dépeignent «un individu broyé par la société». La traductrice de métier y jette un regard décalé sur le monde.

Démarche artistique, mais surtout militante. Politique même? «Bien sûr!» même si la politique partisane, Sabine Dormond n'y croit plus trop. «Depuis quatre ans, j'essaie de me battre au Conseil communal sur ces thématiques, avec des résultats décevants par rapport à l'engagement que cela demande.»

Sortilège, son premier texte, est un «cri de révolte». «Un matin, Tristophe Bloqué se réveille couleur d'ébène et devient du même coup victime de la situation qu'il a lui-même créée.» Les autres sont plus allusifs, métaphoriques ou même parfois carrément sans lien avec la thématique de l'asile. Simplement en prise avec les petites choses de la vie. «Des morceaux d'existence et de résistance», synthétise Hélène Küng. A l'illustration, Tassilo Jüdt relève le tout à sa sauce: naïveté sur la forme, pertinence sur le fond.

Migrants ignorés

Le travail de traductrice de Sabine Dormond notamment pour Caritas Suisse donne à l'auteur l'occasion de se pencher sur la situation dans les pays générateurs d'immigration. «Ces questions sont toujours abordées du point de vue des intérêts de la Suisse. Jamais de celui des migrants», déplore-t-elle. A ceux qui la taxeraient d'angélisme, l'auteur rétorque que «l'angélisme serait plutôt de croire aveuglément en nos autorités» et qu'il faut «s'informer avant de juger». «Trop peu le font», conclut-elle.

Parution mi-novembre. 150 p., 28 fr. Editions La Passerelle, 021 560 60 60, www.csp.ch.
L'auteur lira ses textes le 9 novembre à 20 h 30 à la Maison des contes et légendes de Dorénaz (VS).

Un article signé Laurent Grabet pour 24 Heures

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