Après Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin, voici que l’ONU réagit aux affiches de l’UDC. Celle-ci réussit une fois de plus à se placer au centre de la campagne. Mais cette stratégie marchera-t-elle encore longtemps?
Les affiches de l’UDC font des remous à l’étranger aussi. Comme l’a annoncé hier Pascal Couchepin, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le racisme, Doudou Diène, auteur d’un récent rapport critique sur la Suisse, a écrit au Conseil fédéral pour lui demander son avis sur cette campagne. «Nous lui répondrons que c’est au peuple de juger», annonce le radical.
Interpellé par les journalistes lors de son pèlerinage de l’île Saint-Pierre, lui-même demeure d’une grande prudence. «Je n’aimerais pas appartenir à un parti qui utilise de tels procédés», lâche Pascal Couchepin. Mais en matière de propagande politique, «il faut une certaine liberté. Tolérance! Tolérance!» lance le Valaisan. «Et le peuple jugera.»
Ce discours libéral tranche avec celui, autrement plus musclé, utilisé mercredi soir par Micheline Calmy-Rey. La présidente de la Confédération a exprimé publiquement son dégoût vis-à-vis d’une «campagne raciste qui attise la haine». Pascal Couchepin refuse de reprendre ces mots à son compte. «En tant que président, on devrait éviter autant que possible de se mêler des polémiques conjoncturelles qui nourrissent ceux qui les provoquent. Et le parti de la présidente a lui-même utilisé ce genre de méthodes» par le passé, ajoute-t-il. Le ministre des Affaires sociales n’a apparemment pas digéré la campagne des syndicats sur la 5e révision de l’assurance invalidité, où il apparaissait sous les traits d’un alcoolique chronique.
Impasse stratégique
Une fois de plus, l’UDC a réussi à donner le ton de la campagne électorale. Avec l’affiche du mouton noir d’abord, puis avec le clip vidéo sur la violence, elle est de nouveau parvenue à provoquer la controverse et à accaparer l’attention. Mais cette stratégie éprouvée marchera-t-elle encore longtemps? Le conseiller national Christian Levrat estime que cette fois-ci, l’UDC s’est brûlé les doigts avec son clip vidéo dénonçant la violence des jeunes. Pour rappel, les acteurs, qui ne savaient pas que le tournage était une commande du parti, ont porté plainte. «Jusqu’ici, la stratégie de l’UDC a bien fonctionné, souligne le socialiste. Mais elle l’oblige à toujours durcir le ton, à toujours dépasser les limites de l’acceptable. Tôt ou tard, elle va se retrouver dans l’impasse.»
«Tout le monde sait que cette stratégie est un piège, mais on s’y précipite quand même», note le président du groupe PDC au National, Urs Schwaller. Mais il pense également que l’UDC, à force de ressasser les mêmes messages, est en train de jouer une de ses dernières cartes. Il en veut pour preuve la tentative désespérée de faire croire à un complot anti-Blocher, et de tourner cette élection en un scrutin pour ou contre le tribun zurichois. Si le vice-président du PDC, Dominique de Buman, trouve, lui, utopique de croire qu’on peut purement et simplement ignorer les provocations de l’UDC, il croit aussi que cette stratégie finira par s’éteindre d’elle-même, comme une mode
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