samedi 1 septembre 2007

Retrait des affiches

«J’envisage de demander au Conseil fédéral le retrait de ces affiches»


Doudou Diène, rapporteur spécial de l’ONU
sur le racisme, a interpellé le Conseil fédéral à propos de l’affiche UDC.


Le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, le Sénégalais Doudou Diène, a interpellé le Conseil fédéral sur les affiches de l’UDC.
Une démarche qui fait partie de son mandat.
Il ne considère donc pas faire de l’ingérence, comme le lui reproche l’UDC.
ANTOINE GROSJEAN
Doudou Diène s’ingère­t- il dans les affaires suisses? Le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme estime ne faire que son travail en écrivant au Conseil fédéral. Objet de sa missive: l’affiche de l’UDC montrant un mouton noir bouté hors de Suisse. Il y a six mois, le Sénégalais avait déjà éreinté notre pays dans un rapport.
– Quelle est la teneur de votre lettre au Conseil fédéral?
– C’est une lettre classique que j’envoie à tous les gouverne­ments concernés, en cas de manifestations de racisme. Il s’agit de vérifier si les faits, portés à ma connaissance par les lettres d’organisations de la société civile que je reçois de­puis plusieurs semaines, sont avérés. Si c’est le cas, je de­mande au Conseil fédéral de prendre position et d’agir pour y mettre fin. J’ai écrit cette lettre avec d’autant plus de détermination, que dans mon rapport sur la Suisse, j’avais dénoncé l’instrumentalisation politique du racisme et de la xénophobie, et soulevé le pro­blème de l’affiche de l’UDC à l’occasion de la votation sur la naturalisation facilitée. Cette affiche, qui montrait des mains brunes tendues vers un panier rempli de passeports suisses, avait été une des raisons de ma visite en Suisse.
– Pascal Couchepin affirme que c’est au peuple suisse de juger et éventuellement de sanctionner de tels procédés.
– Je me félicite du débat démo­cratique qui est en cours. Mais en tant que rapporteur spécial élu par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, mon man­dat est de veiller à ce que les gouvernements respectent les engagements internationaux qu’ils ont pris. C’est une dé­marche légitime et objective qui repose sur une base abso­lument légale. Ce n’est pas de l’ingérence.
– Quelle sera l’étape suivante?
– En fonction de la réponse du Conseil fédéral, je prendrai po­sition. Si j’estime que les allé­gations dont j’ai eu connais­sance sont fondées, je ferai part de mon sentiment dans le rapport que je présenterai en septembre au Conseil des droits de l’homme, et début novembre à l’Assemblée géné­rale des Nations Unies. Et je demanderai au Conseil fédéral que ces affiches soient reti­rées.
– Y a-t-il des sanctions prévues si vous n’étiez pas entendu?
– Non. Le seul moyen de pres­sion que j’aie, c’est d’exposer cette question à l’opinion pu­blique internationale, de for­muler des recommandations et de laisser le débat démocrati­que se poursuivre en Suisse. Mais votre pays devra rendre des comptes au Conseil des droits de l’homme, à l’occasion de ce qu’on appelle la revue périodique universelle. Au cours de celle-ci, la situation globale des droits de l’homme de chaque pays membre est examinée. £
Le Conseil d’Etat genevois s’est joint hier au concert de protestations que suscite l’affiche de l’UDC montrant des moutons blancs expulsant un mouton noir. L’exécutif juge cette campagne «inacceptable, irresponsable et indigne». Il a fait connaître sa position dans une lettre envoyée à Khadija Masri, la représentante permanente de l’Union africaine à Genève. ATS


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