LIre l'édito de Didier Estoppey dans le courrier
Voilà revenu ce dernier samedi du printemps. L'occasion, comme chaque année, de marquer la Journée du réfugié par une grande manifestation à Berne, regroupant ceux que la Suisse a –plus ou moins...– accueillis et ceux qui continuent à leur marquer leur soutien.
En ce 16 juin 2007, pourtant, les coeurs ne sont pas à la fête. Le plébiscite sans appel réalisé par les lois sur l'asile et les étrangers, le 24 septembre dernier, continue à réfrigérer les esprits. Les réseaux militants, qui se sont activement engagés l'an dernier dans la campagne référendaire rasent aujourd'hui les murs. Dans le monde associatif comme au sein des principaux partis de gauche, la crainte d'aller à l'encontre des courants dominants semble avoir des effets aussi démobilisateurs que ravageurs.
Il faut le reconnaître, la douche fut glaciale. Ce n'est pas une raison pour ne pas chercher à se réchauffer en serrant les rangs. Car il faut aussi oser le rappeler: le peuple n'a pas toujours raison. Il peut parfois se tromper, surtout quand on l'y aide. Les autorités fédérales ont eu beau jeu de monter en épingle les quelques cas d'abus auxquels elles ont elles-mêmes largement contribué par la lenteur des procédures comme par leur incapacité à négocier des accords de réadmission avec les pays intéressés. Et les nouvelles lois n'apporteront aucune modification de la situation sur ce point.
Preuve est d'ailleurs déjà faite qu'elles ne joueront pas non plus l'effet dissuasif tant vanté contre «l'afflux» que la xénophobie officielle se plait à peindre sur la muraille. L'an dernier, alors que la campagne battait son plein, le nombre de nouvelles demandes d'asile n'avait jamais été aussi bas. Depuis quelques mois, alors que les nouvelles lois ont été largement médiatisées, les requêtes sont à nouveau en nette augmentation. C'est que le regain d'intensité de certaines guerres, notamment en Irak, est passé par là. Et qu'aucune loi n'arrêtera jamais les marées.
Les véritables abus, par contre, persistent. Tels ceux commis par cette Suisse qui contrevient aux règles les plus élémentaires de l'hospitalité, comme en témoignent les conditions d'accueil faites aux requérants dès leur arrivée à Vallorbe. Recenser ces abus, à l'image du travail entrepris par l'Observatoire genevois dont nous publions l'une des fiches, est devenu une oeuvre de salubrité publique. Car dès qu'elle a conscience d'une attaque contre les droits humains, la population sait serrer les rangs et montrer sa solidarité. Comme elle a su le manifester dans les cas de cet employé communal de Bursins ou de ce fromager gruyérien que Berne s'acharne à vouloir renvoyer après des années de fidèle labeur. Parce que, même si la vie leur a reconnu leurs droits, l'autorité s'obstine à leur refuser des papiers
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