Promouvoir l'incorporation des personnes de couleur au sein de la police cantonale et sensibiliser les policiers blancs aux questions de la discrimination raciale? Le Conseil exécutif n'a pas attendu le postulat Lumengo pour passer aux actes.
Par Pierre-Alain Brenzikofer dans le Journal du Jura
Le député socialiste biennois d'origine africaine Ricardo Lumengo est par définition très sensible à tout ce qui touche au racisme et à la discrimination raciale. Surtout que, affirme-t-il, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale mandaté par l'ONU a eu l'occasion d'épingler la Suisse. Motif? La persistance d'attitudes hostiles envers les noirs, les musulmans et les demandeurs d'asile. Mais aussi des violences policières et des recours excessifs à la force contre des personnes étrangères au cours de leur arrestation.
C'est dans ce contexte que Richard Lumengo avait déposé en janvier dernier un beau postulat demandant notamment de promouvoir l'incorporation de personnes de couleur au sein de la police afin de lutter contre les tendances hostiles précitées.
Dans la réponse écrite qu'il vient de publier, le gouvernement propose d'accepter ce postulat, mais rappelle accessoirement que peut déjà être admise dans la police toute personne de nationalité suisse et âgée de 20 ans au minimum qui justifie d'une première formation professionnelle complète, possède les qualités physiques et mentales et la personnalité requise. Tout en disposant d'une bonne santé, of course! Pour ce qui est des ressortissants étrangers, le gouvernement est disposé à reconsidérer la nécessité de disposer de la nationalité suisse pour une admission à l'école de police. Surtout qu'elle a déjà été supprimée pour l'engagement dans les services de police d'un personnel au bénéfice d'une formation scientifique ou technique. Le gouvernement est en tout cas favorable à ce qu'on engage des étrangers compétents dans la police, eu égard à leur connaissance particulière de la langue, des usages, des valeurs culturelles et des structures sociales de leur pays d'origine. Cela renforcerait ainsi la position d'intermédiaire interculturel que doit avoir la police. Pour en revenir à l'école de police, l'égalité des chances ne doit pas seulement être garantie aux immigrants, mais à tous, nuancent Leurs Excellences,
Le postulat demandait encore que l'on sensibilise les policiers aux questions de la discrimination raciale. Eh bien, le gouvernement propose l'adoption, mais aussi le classement, dans la mesure où la demande est réalisée. Les questions de l'éthique, des droits de l'Homme et de la psychologie dans l'exercice du métier parmi les migrants sont abordées en détail dans l'instruction de base. La formation ainsi dispensée et les mesures adoptées à ce sujet ont d'ailleurs déjà produit un effet positif, forcément appelé à durer.
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