ASILE• Le département de Christoph Blocher estime quela situation du nord de l’Irak est relativement bonne.
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Les Kurdes d’Irak devront quitter la Suisse. L’Office fédéral des migrations (ODM) a en effet décidé de modifier, à partir du 1er mai, sa politique à l’égard des requérants d’asile irakiens originaires des provinces de Dohouk, d’Erbil et de Souleymanieh, situées dans le nord du pays.
En conséquence, les services de Christoph Blocher passeront au crible toutes les admissions provisoires accordées aux réfugiés de cette région. «Ces trois provinces ne connaissant pas de situation de violence généralisée, l’exécution des renvois est raisonnablement exigible», estime l’ODM. La décision, dévoilée hier, suscite l’incompréhension des milieux d’aide aux réfugiés. «Il est vrai que la situation au Kurdistan irakien est plus calme que dans le reste du pays. Mais la région se relève de longues années de confrontation avec le régime de Saddam Hussein ainsi que d’une guerre civile entre factions kurdes», avance Yann Golay, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR).
Les trois provinces contrôlées par le gouvernement autonome kurde comptent
actuellement nombre de déplacés. «Les infrastructures et les capacités d’accueil sont
déjà surchargées. Dans ces conditions, il est irresponsable de procéder à des renvois», dénonce M. Golay.
Manoeuvre de diversion?
Paradoxalement, ce changement de politique intervient sur fond de tractations entre la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, et Christoph Blocher pour accueillir en Suisse un contingent de réfugiés irakiens. Le mois dernier, le Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a appelé les pays industrialisés à soulager la Jordanie et la Syrie qui, depuis l’invasion de l’Irak,
ont absorbé le gros de l’exode. Selon le HCR, la violence pousse chaque mois des milliers d’Irakiens à fuir leur foyer. Mme Calmy-Rey serait favorable à l’accueil de plusieurs centaines de personnes originaires du centre et du sud de l’ancienne Mésopotamie, les zones les plus touchées par le conflit. Ce dont M. Blocher ne
veut pas entendre parler. Le Conseil fédéral devrait prochainement départager les deux visions. Mais, avec l’annonce de prochains renvois dans le nord de l’Irak, M. Golay soupçonne le Département de M. Blocher de vouloir «déplacer le débat».
Berne espère des volontaires Avant de procéder à des renvois dans les trois provinces
kurdes, Berne compte sur des retours volontaires. Depuis juillet 2003, 550 personnes se sont inscrites à un programme d’aide au retour, dont 470 ont déjà quitté le territoire helvétique, selon l’ODM. L’arrangement prévoit l’organisation du
voyage et une aide financière de 2000 dollars. En outre, l’ODM promet «un examen des
dossiers qui (...) permettra de tenir compte de la situation individuelle des intéressés». Les Irakiens arrivaient en tête des demandes d’asile déposées
en Suisse en mars, avec 123 requêtes. L’an dernier, 816 demandes d’Irakiens ont été
enregistrées. Fin février 2007, 2673 Irakiens de toutes régions confondues bénéficiaient d’une admission provisoire en Suisse. Selon le HCR, deux millions
de personnes ont déjà fui l’Irak et 1,8 million d’habitants ont été déplacés à l’intérieur du pays.
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