Un témoignage de Laurent Zumstein, pasteur de l'EERV
Juste envie de partager avec vous ma matinée avec les R... (une famille de requérant dont le père vient d'être arrêté pour expulsion)
Il avait été convenu avec le fils aîné que je passerai le prendre avec sa mère pour aller au SPOP, histoire qu'ils aient à nouveau une attestation et puissent recevoir de quoi vivre. J'arrive à 8h30 mais le grand n'est pas là et je trouve une maman terrorisée: elle ne veut pas qu'on l'arrête comme son mari. Le fils cadet (15 ans) est là et, comme il parle un peu l'allemand, il nous aide à communiquer. Mais je n'arrive à la convaincre. On va chercher les K.. pour aider à la traduction qui y vont, eux aussi, de leur couplet pour l'encourager, qu'elle n'a pas à se méfier, que je serais de toute façon avec elle, etc... Elle finit par dire oui et les enfants décident de venir (la fille est mal mais ne veut pas quitter sa mère!). On passe par le Point d'Appui où JPierre essaie d'atteindre un des responsables du SPOP pour être sûr qu'il n'y a pas de danger. Personne ne répond. Alors on va... mais j'ai la peur au ventre: et si ils arrêtaient la mère?! Les enfants restent dans ma voiture et, courageusement, on entre. On entre et on explique. On explique plusieurs fois parce que le SPOP ne comprend pas pourquoi ils n'ont plus d'attestation jusqu'à ce qu'ils réalisent ce qui s'est passé avec le père. On attend alors et un des fonctionnaires finit par arriver. Il parle l'albanais et explique qu'on va leur refaire une attestation mais que ça ne change rien au fait que le SPOP continue à préparer leur retour. La dame encaisse et moi je demande qu'on me traduise. Le bonhomme me regarde (je le connais; ce n'est pas la première fois que je le vois) et me demande qui je suis. Je dis que je suis pasteur et que j'accompagne cette famille. Il hésite mais m'explique... En fait, rien de surprenant dans son discours: il ne peut pas dire autre chose tant que Berne n'a rien dit. On retourne s'asseoir et après 30 minutes, on nous apporte les attestations... Madame remarque la date de délai (8 mai), elle commence à se détendre. OUF! on ressort et va vers la voiture où la jeune fille nous accueille, soulagée visiblement (1heure d'attente donc... qu'a-t-elle imaginé durant tout ce temps?) On rentre à Moudon et pendant le voyage j'essaie d'expliquer que ce 8 mai est une bonne chose mais que, si Berne répond avant, tout peut être remis en cause. Mais dans la voiture souffle un air de détente. La campagne est superbe! A Moudon, Armand, l'AS de la FAREAS (un gars bien!), prend tout de suite les choses en main et leur fait péparer un chèque à retirer cet après-midi. Et JPierre devrait les prendre avec lui à Frambois pour une visite au Papa, mercredi...
Ils me remercient beaucoup et moi, dans ma voiture, sur la route vers Lausanne, je respire un bon coup même si je sais que c'est sans doute partie remise.
Mais qu'ils sont beaux, ces gens... cette mère qui protège ses enfants, ce fils de 15 ans qui utilise ses bribes d'allemand pour faire les liens et convaincre sa maman, cette jeune fille très mal mais qui accueille sa mère avec un immense sourire... Beaux, oui vraiment!
Voilà!
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