mercredi 3 mai 2006

Les requérants d’asile à l’assaut des bus, poubelle à la main et sourire aux lèvres


PASSAGE ÉCLAIR Dans son gilet blanc, le requérant mandaté pour l’opération Bus: Net dispose de quelques dizaines de secondes pour ramasser les déchets et vider les poubelles sous le regard des passagers. S’il s’éternise, il part avec le bus. / PHOTOS CHRIS BLASER

Ci-dessous l'article de Laurent Antonoff dans 24heures
L’opération Bus: Net est lancée conjointement par les TL et par la Fareas. Si les usagers font bon accueil aux nettoyeurs, elle sera reconduite, voire élargie. Bilan dans deux moi


On se croirait presque dans un stand de Formule 1. Les trolleybus arrivent à l'arrêt de Saint-François à un rythme plus que soutenu. Des articulés. Des avec remorques. Des oranges. Des blancs. Des verts. Poubelle en plastique bleue à la main, casquette vissée sur la tête et gilet blanc sur les épaules, l'équipe de requérants-nettoyeurs est fin prête. Le bus stoppe. Les hommes - et une femme - s'engouffrent dans les bus. Leur mission: nettoyer les véhicules en un temps record, entre 15 et 20 secondes, sous peine de devoir faire un bout de chemin avec les usagers, jusqu'au prochain arrêt. L'opération «Bus: Net» (24 heures du 28 avril), lancée conjointement par les Transports publics de la région lausannoise (TL) et la Fareas, a commencé ce mardi à Lausanne. Trois deux un: poutzez!

Sur les bancs en bois, le long de l'église Saint-François, les usagers attendent aussi les bus. On commente peu l'opération en cours. On est pressé. On a chaud. Un couple d'Africains lève les yeux au ciel, en apprenant que d'autres Africains touchent 300 francs par mois pour cette occupation. Une femme âgée trouve l'idée «sympathique». Parmi eux, des personnes se montrent plus intéressées. Normal. Elles sont responsables aux TL et à la Fareas. On parle image. «Il faut considérer cette opération comme un programme anti-désœuvrement. L'image ainsi donnée des requérants est meilleure que s'ils ne faisaient rien de leur journée. Cela fait partie de leur intégration dans la société», avance François Chevalier, responsable des programmes d'occupation et de l'entité «emploi» de la Fareas. Du côté des TL, après quelques heures de Bus: Net, on dispose déjà d'un retour des usagers. «Que du positif.» François Longchamp, responsable de projets: «C'est un petit plus que nous offrons à nos clients. Une touche de convivialité et de sourire. C'est friendly.»

C'est à la Fareas que revient l'initiative de l'opération Bus: Net. L'équipe est composée de neuf requérants d'asile, tous volontaires. Ils montent par équipes de deux dans les bus et ramassent cannettes, bouteilles vides et journaux gratuits. On ne parle pas de «nettoyage» mais de «surqualité.» Nuance. Pesée du mardi matin: 25 kg de détritus collectés, tout de même. Le travail de 20 heures par semaine, rémunéré 300 francs, a fâché tout rouge le syndicat SUD, accusant les organisateurs de pratiquer du dumping salarial (24 heures d'hier). «Il y a un malentendu. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un travail. Un contrat de partenariat a été établi avec chaque requérant.» L'opération devrait durer huit semaines. Un bilan sera alors dressé. Sur cette base, Bus: Net sera reconduit, voire élargi. Ou arrêté.

Aucun commentaire: