Lire l'article de Christiane Imsand dans le Courrier et La liberté
Pour le Département fédéral de justice et police, la campagne concernant la votation du 24 septembre sur la révision des lois sur l'asile et sur les étrangers a démarré hier. Le directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM), Eduard Gnesa, ne cache pas en effet que le rapport sur les problèmes d'intégration des étrangers qui a été présenté hier à la presse a notamment pour but de donner une image moins négative des travaux législatifs contestés par la gauche, les oeuvres d'entraide et les Eglises.
C'est ainsi qu'il présente comme une mesure d'intégration l'abaissement à 12 ans de la limite d'âge autorisant le regroupement familial. «L'expérience montre à quel point il est difficile d'intégrer des adolescents qui ne connaissent pas la langue et ne parviennent pas à trouver une place d'apprentissage», souligne le Haut-Valaisan. Il justifie de la même façon la décision de restreindre l'immigration à une main-d'oeuvre qualifiée.
Mandaté par Christoph Blocher, le rapport de l'ODM recense les difficultés auxquelles sont confrontés les étrangers en Suisse: problèmes scolaires, formation professionnelle inachevée de 15 à 20% des jeunes étrangers, taux de chômage trois fois supérieur à celui des Suisses, taux de pauvreté deux fois plus élevé, risque d'invalidité accru, connaissances linguistiques insuffisantes et taux de criminalité supérieur en raison de la proportion importante de jeunes hommes issus de classes sociales défavorisées.
De cet inventaire qui n'a rien d'une poésie à la Prévert, l'ODM tire la conclusion que l'accès à une activité lucrative est la condition sine qua non d'une intégration réussie. Cela suppose une offre de formation suffisante et une entrée précoce dans le système scolaire. «Le but de toute politique d'intégration est l'égalité des chances, note Eduard Gnesa. Il faut intervenir avant que nous ne connaissions les problèmes des banlieues françaises. Avec une population de 1,5 million d'étrangers, la situation peut rapidement devenir explosive».
Une fois le diagnostic posé, l'ODM n'a cependant guère de remèdes à proposer au malade, à l'exception des mesures législatives visant à restreindre l'immigration. Il avoue ne consacrer que 14 millions de francs par année à des mesures d'intégration. Cela lui permet notamment de subventionner des cours de langue destinés aux réfugiés et aux requérants admis à titre provisoire.
«Notre mandat n'était pas de proposer des solutions toutes faites, se défend Eduard Gnesa. Ce rapport sera soumis au Conseil fédéral. C'est à lui qu'il appartient de prendre des mesures». Il note par ailleurs que la plupart des mesures concrètes envisageables sont du ressort des autres départements, en particulier celui de l'Economie qui est responsable de la formation professionnelle. Joseph Deiss appréciera.
Pas question de revenir devant le peuple avec un projet de naturalisation facilitée des jeunes étrangers. Dans un second rapport consacré aux questions de nationalité, l'ODM estime cette mesure inappropriée après le rejet populaire, en 2004, de la procédure proposée pour les jeunes de la 2e et de la 3e générations. Par contre, il encourage les cantons à accorder des facilités aux jeunes qui ont fait au moins 5 ans de scolarité en Suisse et à harmoniser les durées de résidence requises pour leurs aînés. Il s'agit d'éviter qu'un déménagement ne contraigne la personne concernée à repousser de plusieurs années le dépôt de sa demande de naturalisation. «Ces pratiques sont anachroniques et ne tiennent pas compte de la mobilité de la population», affirme Roland Schärer, chef de la section nationalité à l'ODM.
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