mardi 7 février 2006

La loi sur l'asile est inadmissible



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Dans cet article, Migros Magazine, qui rappelons est la publication qui a le plus fort tirage en Suisse donne la parole à un habitué de ce blog Claude Ruey.

Ci-dessous les extraits consacré à la politique d'asile:
Sur cette question du droit d’asile, justement, vous ne vous sentez pas isolé au sein des députés bourgeois?
Je suis extrêmement déçu par la position prise par un certain nombre de conseillers nationaux radicaux et PDC. Ils auraient dû compter au nombre de ceux qui modéraient cette loi sur l’asile, et ils ne l’ont pas été. Nous ne nous sommes retrouvés que quatre ou cinq du centre droit à voter contre cette loi qui n’est tout simplement pas admissible. Et qui est contre-productive, en termes d’efficacité. Je ne citerai pas de noms, mais franchement, je ne comprends pas ce qui s’est passé.
Vous avez comparé le Parlement à un oiseau en cage. Où voyez vous les oiseaux? Où voyez-vous la cage?
Le Parlement est comme une grande volière. Mais voilà qu’un air de plus en plus pollué s’installe, qu’on se laisse intoxiquer par des gens qui répandent de fausses croyances (on ne dénombre qu’environ 7-8% de délinquants parmi les demandeurs d’asile, il faut le répéter!) L’oiseau (en l’occurrence le parlementaire du centre droit) survit peut-être, mais il ne parvient plus à chanter – c’est ce qui s’est passé quand on a adopté cette loi sur l’asile.
Les parlementaires deviennent parfois des moutons?
Pour certains, oui.
Comment l’expliquez-vous?
Ça fait vingt-cinq ans qu’un marketing systématique et très bien soutenu financièrement est défendu du côté de Zurich par M. Blocher et son parti. Qu’il s’agisse de politique extérieure ou qu’il s’agisse des immigrants et des requérants d’asile, on n’a pas lésiné sur les moyens. Or, comme disait l’autre, calomniez, calomniez, et il en restera toujours quelque chose. J’ai détesté cette affiche, affreusement choquante, où l’on voit le drapeau suisse déchiré en deux, avec un type qui en écarte les pans pour passer une tête basanée et un long nez… Ça, c’est du racisme pur et simple. Lorsqu’on vit en démocratie directe, tout le problème est de rester assez fort pour résister à un courant dominant.
Les démocraties n’y parviennent pas toujours?
Hélas non. Souvenez-vous du film Cabaret, avec Liza Minnelli, qui dépeint la montée du nazisme avant-guerre en Allemagne. Une séquence me reste toujours en mémoire: dans un bistro, au milieu d’une forêt, un jeune Aryen, yeux bleus, cheveux blonds, entonne un chant nazi… Une, deux voix se joignent à la sienne, puis tout le bistro chante avec lui… Je ne dis pas que Blocher c’est Hitler. Pas du tout. En revanche, il y a un phénomène populiste du même ordre qui émerge lorsque les gens, et des parlementaires, se mettent à céder aux sirènes du populisme et n’ont pas des positions suffisamment arrêtées, ancrées, pour résister.

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