Voici des extraits du texte très percutant de la dernière "lettre de SOS racisme".
...Trois ans de propagande raciste débridée ont produit leur sinistre effet. Les chambres fédérales ont adopté sans état d’âme la LEtr et la LAsi. Mais elles ont également provoqué l’opinion et suscité un front du refus de la «politique des étrangers» sans précédent depuis l’initiative «Etre solidaires» qui fut rejetée en votation le 5 avril 1981. . Le 20 janvier 2006, après une année d’interruption, Christoph Blocher est retourné à l’Albisguetli. Salué par les médias suisses pour sa prestation, «l’orateur vedette» s’est plu à jouer à contre-emploi: sur son agenda 2006, il appelle à voter oui, trois fois oui, avec le Conseil fédéral.
Blocher a le mérite d’être clair. Son crû 2006 offre-t-il du nouveau? Le passage du non au oui est-il insignifiant? La hargne du tribun populiste chauffait la rue, parlait aux émotions, aux fantasmes, aux préjugés. Aujourd’hui chef de département, il recourt à la langue du pouvoir, ce «poison suave», qui se passe de l’exaltation. Pour n’être que chuchotés, règlements et directives n’en sont pas moins appliqués. Ils démantèlent regroupement familial, permis d’établissement, droit au mariage. Ils sélectionnent les migrants selon leur origine. Ils font croire à l’existence de délinquances ethniques. Ils liquident le droit d’asile. Refuser ces lois contre les étrangers et contre les réfugiés est une exigence démocratique élémentaire. Mais le combat sera difficile. Ce sera un combat difficile car il s’oppose à un contexte fondé sur un droit et sur des institutions qui ont été forgés au zénith de la période coloniale et pendant l’ère fasciste. Leur permanence jusqu’à nos jours a inhibé la critique du racisme et légitimé une culture de la xénophobie. Le complexe système droit/police/politique des «étrangers» pèse lourdement sur la Suisse. Le «modèle dual» charpente la loi que le Parlement suisse a adoptée le 16 décembre 2005. Il est basé sur l’admission en Suisse des ressortissants des 25 pays membres de l’UE et le refus des non Européens considérés comme étrangers car ils «n’ont pas les idées européennes (au sens large)». Mais en 1986 déjà, l’Ordonnance de la loi sur les étrangers avait proposé une première formulation de la politique des cercles. En même temps - était-ce un hasard? - que la première révision de la Loi sur l’asile.
Dans ce contexte où croissent propagande raciste et xénophobe et manifestations
de racisme institutionnel, ACOR SOS Racisme déploie toute son énergie dans la campagne référendaire et souligne l’urgence d’une impulsion nouvelle à la lutte ontre le racisme, à laquelle collaborent pouvoirs publics et acteurs sociaux dans la perspective d’une véritable loi d’application de la Convention. Le renforcement des moyens dévolus à la prévention du racisme est également nécessaire.
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