mardi 7 février 2006

Les étrangers du canton de Vaud saluent la gauche et les humanistes

La page 2 du quotidien 24heures est une nouvelle fois mise à profit par une voix provenant des défenseurs d'une politique d'asile plus humaine. Cette fois c'est à Amilcar Cunha secrétaire syndical à UNIA que revient cet honneur.
En tant que parrain d’une des familles de demandeurs d’asile déboutés, c’est avec une énorme satisfaction que j’ai appris la déci­sion du Grand Conseil vaudois, d’accepter d’entrer en matière sur la «Motion Melly».
Bravo Mesdames et Messieurs les députés vaudois qui mainte­nez la tradition d’accueil et de solidarité vis-à-vis des étrangers qui arrivent ici en fuyant la guerre et les régimes peu démo­cratiques qui menacent leur li­berté et leur vie.
En Suisse depuis vingt-six ans, j’ai pu côtoyer dans les associa­tions, les syndicats, les mouve­ments citoyens et les lieux de travail de nombreux étrangers qui ne peuvent toujours pas ex­primer leurs opinions ouverte­ment.
Nous allons bientôt participer au vote communal, et certains d’entre nous hésitent encore à afficher leur couleur politique par crainte de la réaction de leurs collègues et employeurs.
Je me fais pour un bref mo­ment le porte-parole de ceux qui, au long des années, m’ont confié leurs convictions et leurs senti­ments.
Dans Victor le conquérant de Raymond Durous, il est dit que si les maisons, les routes, les ponts et les tunnels pouvaient parler, ils parleraient en italien. Aujourd’hui ils parleraient aussi l’espagnol, le portugais, les lan­gues des Balkans, le turc et quel­ques dialectes africains.
C’est la mondialisation qui le veut et les conséquences de la baisse de la natalité en Europe et en Suisse. Nous aurons de plus en plus d’émigration parce que l’économie en a besoin.
Les lois sur les étrangers, la LEtr, et sur l’asile, la LAsi, obte­nues grâce aux luttes de la gau­che et des humanistes, ont été dernièrement revues par le Parle­ment fédéral et fortement péjo­rées.
Les enfants de plus de 12 ans ne pourront plus rejoindre leurs parents en Suisse qu’à des condi­tions restrictives et la détention pour insoumission peut durer jusqu’à deux ans, ce qui est à la fois injuste, inefficace et coûteux pour les communes et les can­tons.
Nous allons récolter des signa­tures pour les deux référendums, et nous allons mener campagne avec nos amis suisses qui, depuis des années, se soucient de nos droits, de notre intégration et du respect des conventions interna­tionales.
Une autre échéance impor­tante nous concerne en ce mo­ment, la future loi sur l’intégra­tion des étrangers qui est en pré­paration au Grand Conseil. Cette loi a pour objectif d’une part de créer les bonnes conditions pour que les étrangers s’intègrent de manière optimale dans la société vaudoise en respectant les va­leurs qui fondent l’Etat de droit, et, d’autre part, de développer la volonté de la société vaudoise de permettre cette intégration.
Nous saluons ici le travail de la CCCI (Chambre cantonale con­sultative des immigrés) dans la préparation de cette loi qui a aussi pour but la prévention de la xénophobie et du racisme.
Avec les années nous avons ap­pris à apprécier et à aimer ce coin de Suisse qui nous a accueillis, et il est tout à fait naturel que des intégrations réussies donnent lieu par la suite à des demandes de naturalisation voulues.
Nous continuons à oeuvrer avec nos amis suisses au main­tien de l’exception vaudoise en matière d’accueil et d’intégration des étrangers. Nous voulons que les générations futures appren­nent dans les livres d’histoire que les habitants de ce canton ont lutté pour leur laisser une vraie démocratie, où la libre opinion, l’égalité des chances, la dignité et la solidarité, seront des valeurs sûres.

Aucun commentaire: