mercredi 7 décembre 2005

Le bras de fer des patrons continue

Dans 24heures Lise Bourgeois rend compte du nouveau cadeau de Noël du SPOP, les requérants déboutés doivent être licenciés pour la fin de l'année.
Le Service de la population, divi­sion asile, demande aux patrons qui emploient des requérants dé­boutés de les licencier au 31 dé­cembre. A Morges, le syndic Eric Voruz continue de protéger la famille Jakupi, dont le père est engagé dans une entreprise de ferblanterie-couverture.

Chef du Service de la popula­tion (SPOP), Henri Rothen con­firme que la démarche ne con­cerne pas que le cas Jakupi. Après la première salve cet été où plusieurs patrons avaient re­fusé d’obtempérer au 31 juillet, le Conseil d’Etat remet l’ouvrage sur le métier et envoie des lettres interdisant aux re­quérants déboutés de travailler. Cette fois le délai s’arrête au 31 décembre.
Le fameux cas Jakupi de Mor­ges fait partie de ce lot. Le SPOP a envoyé une missive da­tée du 30 novembre à l’employé et à son patron exigeant un licenciement au dernier jour de l’an. La lettre menace les pa­trons récalcitrants de sanctions, sous forme d’amendes en géné­ral.

«Vous violez le droit»
Réputé pour sa grande sensibi­lité sur le sujet, le secrétaire syn­dical et syndic de Morges Eric Voruz a réagi immédiatement par écrit auprès du SPOP: «Vous incitez les employeurs à violer le droit du travail et les CCT. (...) Cette manière de faire va encore creuser les trous budgétaires de l’Etat qui s’obstine à vouloir payer des requérants (n.d.l.r.: via l’aide sociale) qui n’en ont pas besoin. (...) C’est une attitude électoraliste de chefs qui par la suite se déchargeront financière­ment sur les communes pour boucler leurs comptes...» A Begnins, le patron de Ba­jram Jakupi, Michel Conne, est atterré: «Je ne sais pas ce que je vais faire; selon la loi je dois donner au moins deux mois de préavis pour un licenciement», soupire-t-il. Quant au principal intéressé, il garde son inoxydable confiance ( 24 heures du 2 dé­cembre) en les gens qui le sou­tiennent: «Je garde le courage d’aller au travail. Je ne vais pas rester à la maison et je ne veux pas non plus aller au social!» Jean-Emmanuel Rossel, avo­cat de Bajram Jakupi, ne déco­lère pas: «Cette demande est proprement choquante à la veille des Fêtes!» Mais l’homme de loi avance aussi qu’une mesure ad­ministrative prime sur le droit privé, donc sur les conventions collectives.
Cela dit, plus de 40 em­ployeurs refusent encore d’ob­tempérer. Or, ils n’ont toujours pas reçu d’amende, comme le précise Bruno Clément de la Coordination Asile. Pourquoi? «Parce que la demande du SPOP ne constitue pas en soi une déci­sion attaquable par voie de re­cours. Lorsque les employeurs recevront une amende, ils pour­ront alors recourir et en référer à la justice, ce que l’Etat ne veut manifestement pas.

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