Le Journal du Jura réagit à la proposition de Christoph Blocher, voici son éditorial:
Les «bonnes» idées pour intégrer les réfugiés à notre bonne culture helvétique ne manquent pas. Alors que l'on ne parle plus que du durcissement des procédures d'asile, tant et si bien que la semaine passée la Suisse s'est attiré les foudres de l'ONU, et d'intégration «volontaire» des requérants par des cours de civisme, de langue et de culture, l'idée de rendre «profitables» les requérants refait son bonhomme de chemin. L'idée est simple: un réfugié coûte moins cher s'il travail que s'il bénéficie de l'aide sociale. Pas de doute là-dessus! Mais pourquoi tant d'empressement à trouver un emploi aux réfugiés, alors que jusqu'à aujourd'hui on ne voulait justement pas qu'ils travaillent? La peur qu'un requérant d'asile se plaise en Suisse si on lui offre un travail se serait-elle subitement envolée face aux intérêts économiques? Assurément! Pour Christoph Blocher, l'équation est simple: moins de réfugiés, moins de centres d'accueil, moins de dépendance de l'aide sociale, cela revient à économiser des dizaines, voire des centaines de millions. Et ce même si on offre aux réfugiés une formation sur mesure durant six ou douze mois. L'idée, il faut l'admettre, est séduisante. Car si l'état fait des économies, les contribuables en feront aussi. Mais quand on sait la crainte d'une partie de la population, principalement la moins qualifiée, à la veille de l'accord sur la libre circulation des personnes, difficile avec une telle proposition de ne pas faire naître une crainte plus grande encore. Pour le Conseiller fédéral, un ouvrier ukrainien pourrait facilement travailler sur les chantiers suisses, tandis qu'un intellectuel pourrait œuvrer en tant que traducteur, voire dans l'hôtellerie. Certes, mais qu'en sera-t-il de la main d'œuvre locale qui vit justement de ces emplois peu qualifiés? Le politique affirmera que rien ne changera pour elle car des garde-fous seront mis en place. Seulement, du côté de l'économie, les pratiques risquent bien d'être différentes. Pourquoi engager un saisonnier si une main d'œuvre encore meilleure marché est immédiatement disponible, qui plus est avec la bénédiction de l'administration? Le plombier polonais n'est pas venu, mais le réfugié exploité risque d'arriver très vite sur le marché.
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