vendredi 28 octobre 2005

Etude sur les musulmans de Suisse

Photo Keystone

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Caroline Zurcher dans 24heures rapporte les résultats d'une étude de la CFE.
Au gré des tensions qui secouent la scène internationale, les musulmans apparaissent dans les médias. Mais qui sont réellement ceux que nous croisons au quotidien dans la rue? Dans une étude présentée hier à Berne par la Commission fédérale des étrangers (CFE), des chercheurs lèvent un coin du voile: loin des discours des chefs religieux et autres in-tellectuels, ils ont rencontré trente musulmans qui vivent en Suisse et appartiennent à ce que l’on pourrait appeler «la majorité silencieuse».

Oubliez les opinions répandues dans le public sur l’islam! «L’abondance d’informations nous amène souvent à penser que l’on connaît les musulmans. En fait, c’est surtout le discours de certains leaders ou intellec-uels qui s’exprime dans les médias, dont nous avons connaissance», soulignent les chercheurs dans l’étude présentée hier à Berne. Or, les musulmans de Suisse ne se reconnaissent pas complètement dans ces prises de position et le rôle des imams, notamment, serait moins important qu’il n’y pa-raît. «Nous sommes dans un dialogue de civilisation et, de part et d’autre, des gens s’expriment. Je fais partie de ces personnes mais je ne prétends pas repré-senter la communauté musulmane», admet Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève. Alors, que pensent ceux qui, dans le débat public, sont sous-représentés? Matteo Gianni, auteur de l’étude, mentionne, en vrac, quelques-uns de leurs souhaits: une plus grande connaissance de l’islam par le reste de la population, des cimetières confessionnels ou encore la possibilité d’avoir facilement de la viande halal.

Le voile de la division

Non à l’excision, non à la punition corporelle des femmes, non au mariage des enfants et non à la polygamie. Les musulmans que les scientifiques ont rencontrés ne veulent pas de tout cela! Le port du voile, lui, est sujet à discussion. Autre point épineux, la situation des femmes. Car, s’il est clair que chacun, et chacune, doit pouvoir faire des choix autonomes, un exemple donné par les scientifiques montre une certaine ambiguïté: alors que les personnes interviewées envisagent des mariages entre un musulman et une non-musulmane, l’inverse est bien moins accepté, voire refusé, par les personnes pratiquantes, la religion transmise aux enfants étant en général celle du père. 310 807: c’est le nombre de musulmans que comptait la Suisse en l’an 2000. Nations, pra-tiques religieuses, cultures... Ce chiffre cache des réalités extrê-mement différentes, alors que l’habitude est de parler de la
communauté musulmane. Schématisons malgré tout: en Suisse, ces personnes proviennent en priorité d’ex-Yougoslavie et de Turquie, ainsi que des pays ara-es. Les musulmans sont davantage installés dans les régions à dominante urbaine, comme les cantons de Vaud et de Genève. Ils ne remettent pas en cause le modèle suisse, ni ses principes démocratiques. Près de la moitié d’entre eux ont moins de 25 ans et seuls 10 à 15% seraient des croyants très pratiquants.

L’ombre du 11 septembre

Heureux? Ces hommes et ces femmes semblent l’être dans notre pays. Et s’accordent à penser qu’il est possible, et facile, de pratiquer leur religion. Une pique pour nos voisins: la laïcité, chez nous, est plus pragmatique qu’en France. Mieux: ces personnes se sentent bien intégrées. Deux derniers chiffres: alors que les musulmans représentent 4,3% de la population helvétique, seulement 0,6% des déten-teurs d’un passeport à croix blanche sont musulmans. Mais derrière cette image idyllique, une autre réalité se dessine. Regard des autres, préjugés, mauvais comportements, in-sultes, exclusion... La discrimina-tion à l’égard des musulmans est bel et bien là. Elle est même en augmentation depuis le 11 sep-tembre 2001. Et Matteo Gianni, auteur de l’étude, de conclure que les personnes rencontrées ressentent du coup le besoin de se démarquer des extrémistes et de se justifier.


Site officiel de la CFE (pour commander le rapport)

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