jeudi 29 septembre 2005

Une tactique suicidaire


Dans un très intéressant commentaire paru dans Le Matin, Michel Jeanneret revient sur l'alignement du PDC sur les thèses populistes et xénophobes de l'UDC dans les débat sur l'asile et la loi sur les étrangers. Ce commentaire fait aussi écho à l'éditorial du Bund qui se demandait si le PDC pouvait encore décemment garder le C de son acronyme...

Plusieurs démocrates-chrétiens estiment que le fait d'avoir suivi l'UDC dans sa volonté de durcir les conditions d'accueil pour les réfugiés pourrait coûter cher au parti lors des prochaines élections fédérales

En s'alignant sur l'UDC et la droite dure, les démocrates-chrétiens viennent-ils de commettre une grave erreur stratégique? Validé par une large majorité du PDC, le durcissement du droit d'asile divise le groupe aux chambres fédérales.

Les Romands - qui ont refusé de suivre les mesures de Christoph Blocher et du Conseil des Etats - sont remontés contre leurs collègues alémaniques. Si la gauche lance un référendum et que le PDC doit soutenir une loi restrictive sur l'asile en pleine campagne de votations fédérales, ils estiment que leur parti perdra des sièges.

Climat émotionnel dénoncé
«Nous n'aurions jamais dû accepter de faire passer la durée de détention à deux ans. De même pour le refus d'entrer en matière pour les réfugiés qui ne disposent pas de papiers d'identité. Derrière nombre d'entre eux se cachent justement les vrais réfugiés, déclare un Pierre Kohler (PDC/JU) dégoûté. C'est une erreur suicidaire. Le problème, c'est que la direction du parti s'est laissé dépasser par sa droite, car elle n'avait aucune stratégie.»

Aucune stratégie, vraiment? «Nous avons agi avec pragmatisme, corrige une Doris Leuthard (PDC/AG) qui dénonce le climat émotionnel autour de la révision du droit d'asile. Notre programme prévoit de lutter contre les abus, et cette nouvelle loi respecte tant la Constitution que les droits de l'homme.» La présidente du PDC se défend d'avoir fait là un choix tactique, alors que tout le monde soupçonne son parti d'avoir durci le ton pour ne pas laisser le monopole à l'UDC dans le domaine des réfugiés.

Aucune tactique, vraiment? Fer de lance des durs du parti, Ruedi Lustenberger (PDC/LU) affirme pourtant le contraire: «Pourquoi pensez-vous que l'UDC a progressé en Suisse romande? Ce n'est pas grâce à sa politique antieuropéenne, mais à ses positions sur l'asile. Cette tactique représente une chance pour les PDC romands.»

Chasser sur les terres de l'UDC, le vice-président des démocrates-chrétiens n'y croit pas du tout: «Nous allons perdre la partie de notre électorat sensible à la doctrine sociale de l'Eglise, analyse Dominique de Buman (PDC/FR). Nous ne récupérerons aucune voix à droite. Les gens hostiles aux étrangers ne se sentiront pas subitement PDC.

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