jeudi 29 septembre 2005

Coup dur pour les clandestins genevois

Chantal Savioz, dans la Tribune de Genève, axe son commentaire sur les débats au parlement sur les effets des nouvelles lois à Genève:

Pas d'état d'âme à l'égard des sans-papiers. Hier, lors des débats sur la loi sur les étrangers au Conseil national, l'UDC, épaulée par les radicaux et le PDC, a fait marche arrière sur la question des clandestins. Guère audacieuse, cette disposition se contentait de prôner un examen «approfondi» des sans-papiers séjournant depuis plus de quatre ans en Suisse.

Les parlementaires, emmenés par le responsable de Justice et police Christoph Blocher, ont balayé la mesure. C'est dire les chances de la demande genevoise déposée par la présidente du Gouvernement Martine Brunschwig Graf, demandant la régularisation de 5000 clandestins.

Congelée, oubliée dans les tiroirs de l'administration? Une réunion de fonctionnaires fédéraux et cantonaux est prévue en octobre. D'ici là, les organisations d'entraide ont d'ores et déjà décidé de resserrer les rangs, et d'exiger du Gouvernement cantonal une position ferme dans ce dossier.

Contrairement aux débats au Conseil des Etats, en mai dernier, Christoph Blocher n'a pas évoqué directement la demande genevoise lors des débats d'hier. Il s'est contenté d'une allusion indirecte, en évoquant les salaires légaux dans le domaine des activités domestiques prônés par «certains» cantons. «Qui peut payer 3600 fr. par mois?» a interrogé le conseiller fédéral UDC, tout en soulignant qu'à ce tarif, d'autres clandestins allaient immanquablement affluer pour un salaire inférieur.

La libérale Martine ­­Brunsch­wig Graf n'a pas pu se rendre hier à Berne. La demande genevoise, dont elle est la porte­parole, n'est certes pas directement concernée par la loi discutée hier. Elle demande en effet une régularisation unique de 5000 personnes sur la base d'un constat économique. Le ton de l'Assemblée, les allusions directes ou indirectes de Christophe Blocher ne laissent cependant guère planer de doute quant à la réponse de Berne.

Le conseiller national vert Ueli Leuenberger constate, amer, «qu'il n'y a pas la moindre ouverture». «J'espère que le monde politique genevois, tous partis confondus, organise la résistance.» «Face aux exigences d'expulsion de Berne, il faut trouver un modus vivendi pour les milliers de clandestins concernés par cette affaire.»

Du côté du DFJP, on signale que la demande genevoise est pour l'heure dans le camp du canton. Blocher l'a renvoyée au printemps dernier à ses émissaires, leur demandant de remoduler certaines propositions. «Le dossier n'a pas avancé», souligne le porte-parole Livio Zanolari, demeurant résolument vague sur ce point.

Dans les camps syndicalistes genevois on attend beaucoup de ce mois d'octobre, durant lequel fonctionnaires des administrations fédérales et cantonales devraient se réunir. Une réunion «comme il en existe régulièrement avec tous les cantons», ajoute-t-on au DFJP qui tient décidément à laisser transparaître le moins d'informations possibles sur le sujet.

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