jeudi 29 septembre 2005

Sans papiers sans avenir

Voici les commentaires de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura
Dans le droit-fil de celui en matière d'asile, le durcissement de la loi sur les étrangers ne devrait étonner personne. Cette loi vise notamment à faciliter l'intégration des étrangers, à écourter les procédures pour les employeurs et les autorités, mais aussi à lutter contre les abus et à sauvegarder la sécurité et l'ordre public. Et d'évidence, il y avait du travail à cet égard ! Un travail délicat au demeurant, puisqu'il touche de plein fouet de la pâte humaine. C'est peu dire que la pesée s'est avérée difficile. En première lecture, la version sortie du National n'a été adoptée que par 65 voix contre 48 et 55 abstentions, un résultat qui souligne bien la perplexité d'une majorité des élus. Durcie encore par le Conseil des Etats qui a suivi sa commission fortement influencée par Christoph Blocher, la nouvelle loi sur les étrangers ressort du National marquée par une dureté telle que l'USS émet des menaces de référendum. Supprimé, l'octroi automatique d'une autorisation d'établissement aux étrangers vivant depuis au moins dix ans en Suisse! Il y aura examen préalable par les cantons dans tous les cas. Durcies, les conditions de regroupement familial! Le conjoint étranger et ses enfants n'obtiendront un permis de séjour que s'ils cohabitent. D'autre part, la famille d'un étranger avec autorisation de séjour ne pourra s'établir en Suisse qu'après un examen au cas par cas. Le Conseil a en outre abaissé de 14 à 12 ans, le seuil permettant d'obtenir un permis de séjour dans le cadre du regroupement familial, une disposition qui vaut aussi pour les enfants du conjoint étranger d'un citoyen suisse. Quant au sort des sans-papiers, il est des plus noirs. Plus question d'examiner «de manière approfondie» même les cas de clandestins en Suisse depuis plus de quatre ans! Le Parlement a pris acte qu'il y a au moins 90 000 sans-papier en Suisse et il craint plus que tout l'effet d'aspiration que ne manquerait pas de provoquer tout ce qui ressemble à une amnistie. Du blochérisme inacceptable que tout cela? L'avenir le dira. En attendant, on doute du succès d'un référendum conçu pour voler au secours de personnes extérieures à l'Union européenne. Surtout s'il est lancé par ceux qui considéraient déjà comme une menace l'ouverture de la Suisse aux nouveaux membres de l'UE!

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