la chaîne humaine devant le palais fédéral n'y aura rien fait (photo keystone)
Pour un article de synthèse sur la première journée de débat au Conseil National, on peut se référer à l'excellent dossier de synthèse de Swissinfo
Lire aussi la dépêche de l'ATS publiée hier en fin de soirée et celle d'AP
Commentaire de Valérie de Grafenried dans Le Temps:
Aveuglement inquiétant
Durcir la loi sur l'asile est légitime. Des abus existent et ils doivent être mieux combattus. Toutefois, sur plusieurs points, l'aveuglement et la surdité des conseillers nationaux PDC, libéraux et radicaux, prêts à suivre l'UDC et sa ligne dure avalisée par le Conseil des Etats, peut surprendre. Car des avis de droit d'éminents juristes, tout comme le haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés ou encore le commissaire européen aux droits de l'homme, avertissent que le parlement s'apprête à introduire des dispositions qui violeraient non seulement la Constitution fédérale mais aussi le droit international humanitaire. Ces durcissements sont de plus adoptés au pas de charge, après une intervention de Christoph Blocher en cours de procédure. Une précipitation sans fondement: le nombre de demandes d'asile a rarement été aussi bas. Un peu de bon sens serait donc nécessaire pour éviter que des décisions, dont personne n'est en mesure d'évaluer les conséquences, ne soient prises à l'emporte-pièce. Quel député peut par exemple aujourd'hui sérieusement affirmer que priver un requérant débouté d'aide sociale le poussera forcément à quitter la Suisse, et non pas à basculer dans la clandestinité? Le débat sur l'asile est trop grave pour qu'il soit bâclé. Et la tradition humanitaire de la Suisse trop importante pour être piétinée.
Comme à son habitude, Denis Barrelet est un des rares éditorialiste de Suisse Romande à se réjouir de ce durcissement extrême, voici son éditorial dans 24heures:
Deux camps se sont fait face, hier au Conseil national. Ceux qui voient la situation économique peu enviable des hommes et des femmes qui viennent tenter leur chance en Suisse en demandant l'asile. Et ceux qui voient les abus, les personnes qui ne remplissent manifestement pas les conditions de l'asile et qu'on ne peut pas renvoyer ou qui font traîner les procédures parce que des avocats bien intentionnnés leur ont conseillé de détruire leurs papiers en arrivant en Suisse.
Deux camps irréconciliables. Les uns en rajoutent, prennent des tons dramatiques et vont jusqu'à comparer la situation actuelle à celle de la Seconde Guerre mondiale. Les autres se cabrent et voient rouge en songeant à ces requérants qui tournent les fonctionnaires en bourriques. Les uns n'ont d'yeux que pour des cas individuels et sont prêts à mettre la loi hors course. Les autres admettent sans états d'âme que la loi doit être parfois dure.
Faut-il jeter la pierre à la majorité du Parlement? Est-elle raciste, comme certains «anges» à gauche n'ont pas hésité à le dire, hier? Cessons une bonne fois ces outrances! Il n'est pas indigne et contraire à notre tradition humanitaire d'enlever, dans la loi, les éléments qui rendent la Suisse attractive pour les pauvres de la terre. Ce qui serait inacceptable, c'est qu'on condamne à la famine les personnes déboutées, ou qu'on rejette sans autre examen toute demande provenant de personnes sans papiers d'identité. Or la réalité légale est beaucoup plus nuancée. Grâce aussi, il est vrai, au Tribunal fédéral qui a rappelé certains cantons – et le Conseil des Etats – à l'ordre.
Que la gauche ne se réjouisse pas trop vite! Si elle lance un référendum, sa victoire devant le peuple est loin d'être assurée.
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