mercredi 26 janvier 2011

Quand les mendiants se font gardiens de parking

Il n’est plus rare de croiser des Roms qui font la circulation sur les parkings lausannois, contre une petite pièce. Et ça marche.

Des automobilistes souriants et presque aimables, une circulation fluide: il y a quelque chose de changé sur la place Centrale à Lausanne au moment de trouver une place de parc. Même en pleine heure de pointe. La nouveauté, c’est la présence épisodique d’un gardien de parking… rom. Bonnet vissé sur la tête, sac à dos en bandoulière, l’homme virevolte d’une place soudain libre à l’autre qu’il signale et réserve au premier automobiliste en attente. En contrepartie, il demande une petite pièce.

«Cet homme nous rend service. Dans ces conditions, cela ne me gêne pas de lui donner une pièce.» Ce conducteur sourit. Il a dégoté une place de parc sans avoir à jouer du pare-chocs. Il est donc content de la prestation de l’apprenti voiturier.

Nicola* l’est aussi. Le gardien de parking, c’est lui. «On ne reste pas plus d’une heure sur le même parking. On doit bouger pour éviter la police.» En parlant, il garde un œil sur les places de parc, réagissant au moindre feu de recul qui s’enclenche, synonyme de place qui se libère.

Combien gagne-t-il en une heure de gardiennage? Nicola entrouvre ses mains pour exhiber son «salaire»: une vingtaine de francs en pièces de monnaie. «L’essentiel pour moi est d’avoir 5 francs pour dormir à la Vallée de la Jeunesse. Le reste, c’est tout bonus.»

A la police de Lausanne, on est au courant de la pratique, notamment du côté de la place de la Gare et de la rue Centrale. «C’est surtout le fait de nouveaux venus. Un contact avec eux suffit en général à les faire renoncer, parce qu’ils ne peuvent décemment pas réserver des places qui ne leur appartiennent pas, et parce qu’on pourrait leur reprocher une sorte d’entrave à la circulation», explique Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police municipale.

Laurent Antonoff dans 24 Heures

* Prénom fictif

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