Taxé de «fasciste» par le producteur Paulo Branco, le film de Fernand Melgar, «Vol spécial, sort aujourd’hui en salles.
«Un film fasciste!» Un mois et demi après l’agression verbale qu’il a subie à Locarno de la part de Paulo Branco, président du jury international du festival, au jour même du palmarès où d’aucuns voyaient le Vaudois prendre la première place, Fernand Melgar affiche la plus belle sérénité. La forteresse, son précédent film, a obtenu le Léopard d’or 2008. Vol spécial sort en salles aujourd’hui. Les commentaires du réalisateur.
Quel bilan tirez-vous de la polémique lancée par Paulo Branco?
Avec le recul, je vois surtout les effets positifs et constructifs de tout le battage médiatique qu’a suscité son dérapage verbal. Je constate que la controverse, relayée par les grands médias européens, avec des pleines pages dans El País, Die Zeit, Le Monde diplomatique et Libération, notamment, a fait plus pour le film, en élargissant le débat, qu’un Léopard d’or qui aurait passé pour une caution à la bonne conscience. Qui plus est, cette «publicité» m’a permis de trouver un distributeur pour la France!
Avez-vous pu vous expliquer avec votre «agresseur»?
Pas au-delà de nos «échanges» dans les colonnes de Libé. Comme il campait sur ses positions, je ne voyais pas l’intérêt d’une explication face à face. Et puis, ce que j’ai appris sur la désinvolture avec laquelle il a «vu» le film, s’absentant à tout moment de la salle de projection, et l’interdiction qu’il a faite aux jurés d’entrer en matière sur Vol spécial lors des délibérations (ce que m’a rapporté un membre du jury désirant garder l’anonymat) m’a fait douter d’avance de sa bonne foi. Finalement, il s’est plutôt ridiculisé en insistant.
Quelles réactions politiques le film a-t-il déjà suscitées?
A part celle de Micheline Calmy-Rey, qui a relevé le fait que les conditions des vols spéciaux dérogeaient parfois aux droits humains, il y a eu celle de la conseillère d’Etat genevoise Isabel Rochat. Choquée par le film, elle a proposé que celui-ci soit montré à l’ensemble du Grand Conseil genevois.
Pouvez-vous évoquer les «suites» humaines des vols spéciaux qui ont impliqué des résidents de Frambois?
Après le tournage, nous nous sommes rendus en Afrique, notamment au Cameroun, et au Kosovo. Nous allons réaliser un «webdocu», un documentaire qui sera disponible sur notre site. Cette nouvelle pratique, en plein développement sur Internet, correspond tout à fait à notre intention de prolonger l’exposé des faits au-delà du film. Le premier parlera notamment de Geordry, le Camerounais rapatrié de force et torturé durant cinq mois du seul fait d’avoir demandé l’asile en Suisse.
Jean-Louis Kuffer dans la Tribune de Genève
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