mardi 1 mars 2011

Débat sur l'islam et la laïcité en France

Le patron de l'UMP et le Premier ministre tentent de convaincre que la réflexion lancée par le parti présidentiel ne va pas stigmatiser l'islam et porte plus globalement sur «le pacte républicain».

Ne dites plus «débat sur l’islam»... Après les nombreuses mises en garde adressées par des personnalités de droite (Patrick Devedjian, Bernard Accoyer, Alain Juppé, Rama Yade, etc) sur le débat organisé par l’UMP, le 5 avril, à la demande de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé a voulu, ce matin, en lisser le contenu. A en croire le secrétaire général de l’UMP, la réflexion porte, en priorité, sur «le pacte républicain» dont «l’un des contenus est la laïcité». «C’est exactement là-dessus qu’on travaille», insiste Copé, sur France Inter.

A la rubrique Actualités du site du parti présidentiel, est effectivement mentionné «un rendez-vous fort» en avril, sur «l’organisation de l’exercice des cultes religieux», sans plus de précisions. Sauf que dans la vidéo, postée le 17 février sur la même page, Copé détaille le programme du débat: une première partie sur «l’exercice des cultes religieux de telle sorte qu’ils soient compatibles avec les règles de la république laïque». Et une seconde «sur la question de l’islam de France».

Le secrétaire général de l’Elysée reprend la formule de Nicolas Sarkozy, sur TF1 le 10 février pour l’émission Paroles de Français, «il ne peut s’agir que d’un islam de France et non pas d’un islam en France». «Nous ne voulons pas en France que l’on prie de façon ostentatoire dans la rue», mais il est «normal» qu’il y ait des mosquées, avait ajouté le président de la République: «La prière n’offense personne, mais nous ne voulons pas (...) d’un prosélytisme religieux agressif.»

Alors que, le risque de stigmatiser les musulmans a été pointé, sur France Inter, Copé va jusqu’à présenter son débat comme un service rendu à ces derniers. «Nos compatriotes musulmans en ont marre de porter sur leurs épaules un poids qui n’est pas le leur», défend-il.

«Les effets néfastes, délétères du débat sur l’identité nationale»

A l’Assemblée nationale, François Fillon s’est aussi chargé de défendre un débat «nécessaire», envisageant carrément de «réévaluer le principe de laïcité et son application pour tenir compte des évolutions de la société française». Sur la crainte d’une réflexion ciblant les musulmans, le Premier ministre retourne, à son tour, l’argument: «Il est nécessaire que nos concitoyens d’origine musulmane puissent vivre leur foi librement et dignement et chacun sait que ça n’est pas toujours le cas.»

La veille pourtant, Fillon s’était montré réservé sur l’initiative, se posant en garant: s’il «devait apparaître comme un débat qui, d’une manière ou d’une autre, conduit à stigmatiser les musulmans, je m’y opposerais, je le dis très clairement, je m’y opposerais», promettait-il sur RTL.

Comme pour le très controversé débat sur l’identité nationale, la gauche dénonce les arrière-pensées électorales de la majorité, accusée de courir après l’électorat d’extrême droite. L’ex-premier secrétaire du PS, François Hollande, a invoqué, ce mardi, une «suspicion de manipulation à un an de l’élection présidentielle», tandis que le chef de files des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault a déploré que la droite ne tire pas les leçons de l’année dernière: «on est parti pour recommencer les effets néfastes, délétères du débat sur l’identité nationale.»

Même le Nouveau centre, pourtant dans la majorité présidentielle, ne cache pas son inquiétude. Le président des députés NC, François Sauvadet l’a jugé «inopportun» et «dangereux dans le contexte actuel»: «Il risque de révéler, d’alimenter des antagonismes.»

Libération

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