Le tribunal, qui délibèrera le 5 avril, doit fixer le quantum de la peine de prison qu'encourt l'ex-président du Front national.
Jean-Marie Le Pen, et en arrière-plan l'affiche contre laquelle se sont élevées les associations de lutte contre le racisme. (Eric Gaillard / Reuters)
Une peine d'emprisonnement avec sursis a été requise mardi devant le tribunal correctionnel de Nanterre contre Jean-Marie Le Pen pour avoir, par des affichettes de campagne, incité à la haine envers la population musulmane et les personnes d'origine algérienne.
Le procureur de la République, Yvon Tallec, a laissé le soin à la quatorzième chambre, saisie sur citation directe par le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (Mrap), de fixer le quantum de la peine et le montant d'une amende.
L'affiche litigieuse représentait une femme intégralement voilée à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien sur laquelle se dressaient des minarets en forme de missiles, avec pour titre «Non à l'islamisme».
Lors des dernières élections régionales, en février 2010, le mouvement jeunesse du Front national avait diffusé ces affiches en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et sur son site internet, puis partout en France. A l'époque, l'affaire avait suscité des protestations de l'Algérie.
Mise en délibéré au 5 avril
Début décembre, le tribunal correctionnel de Paris avait mis hors de cause Jean-Marie Le Pen, poursuivi pour les mêmes faits par la Ligue contre le Racisme et l'Antisémitisme et SOS Racisme, sans aborder le fond du dossier, déboutant les deux associations pour de pures questions de forme.
Lors de l'audience à Nanterre, l'avocat du Mrap, Me Khaled Lasbeur, a produit une vidéo d'un discours du 7 mars 2010 dans lequel Jean-Marie Le Pen «revendique la paternité de l'affiche, constituant de ce fait l'infraction de provocation à la haine», selon le procureur de la République.
De son côté, l'avocat du Front national et de Jean-Marie Le Pen, Me Wallerand de Saint Just, a rappelé que l'affiche litigieuse disait: «Non à l'islamisme» et pas à l'islam.
Concernant le discours de Jean-Marie Le Pen, son avocat a concédé que son client justifiait l'affiche mais que cela ne prouvait en rien qu'il «était l'auteur, le directeur de publication des sites internet ayant diffusé l'affiche, l'imprimeur ou le colleur de ces affiches». «C'est un procès d'intention fait à M. Le Pen. Un homme politique a le droit de dire que l'islamisme constitue un danger pour la France!», a affirmé Me Wallerand de Saint Just. La décision a été mise en délibéré au 5 avril.
AFP et Libération
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