L’unité d’accueil de Collombey devant fermer ses portes, le vaste domaine agricole des Barges hébergera des candidats réfugiés.
«L’Etat du Valais est propriétaire de ces bâtiments. Nous n’avons donc pas grand-chose à dire. Mais je trouve déplorable la façon de communiquer une telle décision.» Le président de Vouvry, Reynold Rinaldi, évoque avec perplexité la création prochaine d’un centre de formation et d’hébergement pour requérants d’asile dans sa commune. Cette structure sera aménagée au domaine des Barges, rattaché au Service cantonal de l’agriculture. Elle est appelée à combler une lacune dans le Chablais, puisque le foyer d’accueil pour candidats réfugiés de Collombey, en fin de bail, fermera ses portes à la fin mars. A Vouvry, l’ouverture est prévue «dans quelques mois».
Le Conseil d’Etat s’est déterminé à ce sujet mercredi dernier, précise un communiqué diffusé hier. «Le Conseil municipal n’a été informé que lundi soir, regrette Reynold Rinaldi. Nous sommes des gens adultes et responsables. Nous aurions apprécié de pouvoir poser un peu plus tôt les questions qui s’imposent aujourd’hui.» Les enfants des requérants d’asile devront-ils être scolarisés au village? Est-il raisonnable de prévoir de nouveaux logements dans une zone réputée inondable – car toute proche du Rhône? «Et dans la population, des craintes surgissent déjà quant à la sécurité publique», témoigne le président de Vouvry (3600 habitants).
Peinture et horticulture
Simon Darioli, chef du Service valaisan de l’action sociale (SAS), se veut rassurant. Au contraire de celui de Collombey, qui n’accueille que des hommes célibataires, le futur centre, situé à l’écart du village, hébergera aussi des familles. En outre, leur statut sera différent: il s’agira de personnes en cours de procédure d’asile, alors que les hommes qui transitent par le foyer collombeyroud sont pour la plupart des requérants déboutés.
Sans oublier la vocation formatrice de ce nouveau centre: encadrés par du personnel qualifié, les pensionnaires effectueront des travaux de peinture, de maçonnerie et de menuiserie. Premier objectif: aménager rapidement les locaux qui, à terme, pourront accueillir vingt à trente personnes.
Dans un deuxième temps, les requérants d’asile logés à Vouvry découvriront l’agriculture, l’horticulture, l’élevage du petit bétail et la mécanique élémentaire. Le tout dans le même esprit que les programmes d’occupation proposés depuis l’an dernier, avec succès, à Collombey: favoriser l’intégration en Suisse ou préparer le retour au pays. «Il s’agit de donner du sens à la présence de ces gens chez nous», complète Simon Darioli, qui s’appuie sur une expérience similaire réalisée à Vétroz.
Ce projet concerne une surface d’environ 5000 m2 sur les 150 ha qui composent les Barges. L’entreprise agrochimique Syngenta, locataire de 57 ha, continuera à y mener ses essais. «Ce vaste domaine (ndlr: qui accueille notamment des élèves de l’Ecole cantonale d’agriculture) est en pleine réaffectation, relève le chef du SAS. C’est une vraie aubaine pour nous.» Car le Valais doit accueillir, bon an mal an, 3,9% des requérants d’asile qui arrivent en Suisse. Ils étaient 1549, répartis dans tout le canton, au 31 décembre dernier. «Et les perspectives sont à la hausse, compte tenu des événements politiques récents dans le nord de l’Afrique.»
Patrick Monay dans 24 Heures
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