jeudi 2 mars 2006

Christoph le pragmatique

Voici l'éditorial de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura
Avec l'aval du Conseil fédéral, Christoph Blocher triple le forfait d'aide d'urgence octroyé aux personnes frappées d'une décision de non-entrée en matière (NEM), l'augmentant de 600 à 1800 francs dès janvier 2005. Aux fins d'inciter au retour volontaire des requérants déboutés, il a également décidé de verser l'aide au retour (entre 500 et 1000 francs par cas) même aux personnes frappées d'une NEM. Autre décision susceptible de mettre un peu d'huile dans le crispant dossier de l'asile, l'assimilation des personnes admises à titre provisoire aux bénéficiaires d'un permis annuel de séjour. Une telle mesure devrait faciliter leur intégration professionnelle. Tant de soudaines améliorations après tant de durcissements! Christoph Blocher craindrait-il le référendum contre la loi sur l'asile dont le peuple découdra sans doute cet automne? On pourrait le croire car le chef du DFJP attribue lui-même la plus grande part de son succès - une baisse des demandes d'asile particulièrement importante par rapport à d'autres Etats européens - à la suppression de l'aide sociale aux personnes frappées d'une NEM. Mais nombre d'éléments indiquent que Christoph Blocher soigne plutôt son image de pragmatique. Il en va ainsi de l'adaptation de l'infrastructure de la Confédération et des cantons à la baisse des demandes d'asile. De plus de 20 000 avant 2004, les demandes ont passé à 14 248 en 2004 pour diminuer encore de 42,6% (chiffres de fin juillet 2005). Il semble donc logique de prévoir un rythme annuel de 10 000 demandes et une infrastructure réduite en conséquence, tout en se donnant les moyens de répondre à un afflux subit découlant d'un conflit inattendu. Presque toutes les mesures prises par Christoph Blocher promettent des économies, l'investissement étant plus que compensé par la réduction de la facture sociale. Il en va également ainsi pour le doublement du séjour des requérants dans les centres d'enregistrement. En augmentant le maximum de 30 à 60 jours, Christoph Blocher permet de prendre davantage de décisions sur place. Cela évite d'attribuer des requérants aux cantons et permet de réduire la durée de séjour en Suisse, donc les coûts. Accessoirement, cette mesure permet une harmonisation du traitement des requérants. Après s'être fait champion de la course au pire, Christoph Blocher se fera-t-il critiquer pour avoir lâché du lest?

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