mercredi 2 février 2011

Le village belge va accueillir 400 demandeurs d'asile

«Le tourisme est notre ressource première. C’est l’activité économique principale. Professionnels et villageois craignent évidemment qu’en terme d’image, Herbeumont paie le prix fort», explique la bourgmestre.

«Nous allons donc dresser un état des lieux des réservations (hôtels, gîtes, campings) à cette même date en 2010 et comparer avec 2011. Nous ferons également un bilan à la fin de la saison. S’il s’avère que nous avons pâti de l’installation du centre, évidemment, nous demanderons des aides compensatoires. Ce n’est pas gagné : rien n’est prévu dans la loi. Mais s’il le faut, nous nous battrons » a déjà prévenu Catherine Mathelin.

La sécurité
Il n’y a qu’une policière municipale «de proximité» à Herbeumont. Ce sont donc les policiers et forces de l’ordre des villes voisines (Bouillon, Florenville, Bertrix…) qui seront amenées à intervenir en cas de problème. «Moi qui avais l’habitude de ne pas fermer à clef, je sais ce qui me reste à faire», soupire une commerçante. «Ce ne sont pas délinquants» plaide l’élue. "Certes. Mais que vont-ils faire de leurs journées ? N’y aura-t-il pas des problèmes entre familles de nationalités différentes ? Et s’il y a des frictions avec des gens d’ici ?" s’inquiète la patronne d’un café. Un de ses clients enchaîne : «S’ils s’énervent dès qu’on les regarde de travers comme c’est déjà arrivé ailleurs !» Un autre client évoque lui le risque de voir certains «travailler au noir pour des salaires de misère». Un dernier évoque la proximité de la France (on est ici à 20 km de Sedan) : «Je suis certain que certains n’auront qu’une envie : c’est de passer la frontière et de filer vers le tunnel sous la Manche.» Dans ce café, la même phrase revient sans cesse : «On n’est pas racistes. Mais 400 dans un village de 500 habitants, c’est de la folie.»

L’emploi
C’est le personnel du centre Eurovillage qui assurera la restauration et l’entretien (9 employés).Par ailleurs, la Croix-Rouge va embaucher une vingtaine de personnes (notamment des travailleurs sociaux à même d’accompagner les demandeurs d’asile dans leurs démarches, et les encadrer au quotidien – cours de langue, informatique, etc.

Qui ?
Ces 400 demandeurs d’asile représentent environ 40 nationalités (Europe de l’est, Balkans, Afrique).  Il y a de personnes seules et des familles. Les enfants seront scolarisés sur place (dans le centre même) et les plus de 12 ans accueillis dans des collèges à Bertrix et Florenville.
On recense 20.000 demandeurs d’asile en Belgique.

Comment ?
Ce centre d’accueil est prévu pour fonctionner un an. «Mais j’ai des doutes : le délai d’instruction des demandes d’asile est en Belgique de 12 à 15 mois en moyenne», nuance la bourgmestre. En pratique, la question des «sans papiers» et des «demandeurs d’asile» est gérée par le gouvernement fédéral (un dossier réparti entre plusieurs ministères). La gestion des centres est déléguée à la Croix-Rouge.

Eurovillage
Composé d’un bâtiment principal abritant des chambres de type hôtelier et des services communs, ainsi que de plusieurs dizaines de bungalows (en fait, des petits chalets recouverts d’ardoise), Eurovillage a été construit il y a une bonne vingtaine d’années sur les hauteurs du village (à 1,5 km du centre). Il est géré par une société privée (à capitaux flamands). Sa capacité théorique est de 270 places. Ces derniers jours, des lits ont été ajoutés dans les bungalows pour atteindre les 400 places. «Pour les dirigeants d’Eurovillage, c’est tout bénéfice. L’Etat paie rubis sur l’ongle, et le taux de remplissage sera de 100 % !» commente un hôtelier situé dans le cœur du village. Mais cette formule est au final moins coûteuse pour le gouvernement (par rapport à des hôtels «classiques»).

L'Union Champagne/Ardenne/Picardie

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