L’hébergement de migrants en phase de renvoi à côté d’une école suscite des protestations.
De l’esplanade qui prolonge le complexe scolaire de Coteau Fleuri, sur les hauteurs du quartier lausannois des Boveresses, la vue embrasse les Alpes. Les 50 requérants d’asile déboutés qui seront hébergés dès aujourd’hui dans l’abri de protection civile de l’école ne pourront pas en profiter. Responsable du secteur lausannois de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), Pascal Rochat prépare les pancartes qui dissuaderont ses pensionnaires d’accéder au préau de l’établissement, où quelque 400 enfants sont scolarisés.
Cette interdiction n’a pas suffi à rassurer la quinzaine de mamans du quartier qui, hier en début de soirée, ont manifesté devant l’abri. La mobilisation a commencé il y a une semaine, à l’initiative de Maria Gonzalez. «J’ai découvert il y a dix jours sur le Teletext que 50 requérants d’asile célibataires seront logés ici.»
Maria Gonzalez n’en a su davantage que lundi, lorsque ses enfants lui ont remis une circulaire distribuée en classe. Elle avait été rédigée par la direction de l’école en concertation avec l’EVAM. Tous en attente de renvoi, les requérants placés à Coteau Fleuri ne recevront qu’une assistance d’urgence. Ils ne passeront que la nuit dans l’abri, qui sera surveillé par deux agents de sécurité et un intendant. Ils obtiendront leurs repas dans une maison du quartier, où ils pourront passer la journée en présence d’assistants sociaux.
Pétition lancée
Les mamans des Boveresses restent inquiètent. Elles ont lancé une pétition. Avec une exigence, que résume Maria Gonzalez: «Les migrants de l’abri de Coteau Fleuri doivent être déplacés dans un lieu éloigné de toute école.»
Directeur de l’EVAM, Pierre Imhof a profité de la manifestation pour nouer le dialogue avec les mamans. Mais pas question de renoncer à ce nouveau lieu d’hébergement: «Nous en avons bien trop besoin.»
Le nombre des requérants en instance de renvoi ne cesse d’augmenter. Ils sont désormais près de 900 dans le canton, dont une bonne partie de célibataires. Depuis 2008, ils n’ont plus droit qu’à une aide d’urgence.
«Mesures suffisantes»
Les structures débordent. En décembre déjà, la Municipalité de Lausanne a accepté que 50 d’entre eux soient hébergés dans l’abri des Boveresses. Directeur de l’établissement primaire de la Sallaz, dont relève Coteau Fleuri, Michel Rosselet était hier soir des plus sereins: «Les mesures de sécurité nous semblent largement suffisantes.»
Après avoir bu un café avec Pierre Imhof à l’issue de leur manifestation, les mamans ont accepté de participer à un groupe de contact.
Daniel Audétat dans 24 Heures
A la rencontre des trois pensionnaires de Coteau Fleuri
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