Les faits remontent au 1er février 2007. Une patrouille débarque dans un foyer de requérants d’asile. Elle entre dans une chambre où les habitants sont soupçonnés de trafic de stupéfiants. Elle y trouve de l’argent: 1000 francs. L’un des gendarmes saisit 600 francs parce que C., Guinéen, n’a pas payé une ancienne amende. Le policier établit une quittance.
Il saisit encore 250 francs, une avance sur les contraventions futures (une pratique courante, semble-t-il, à l’époque au sein de la police). Il établit également une quittance, antidatée celle-ci. Restent 150 francs. Que sont-ils devenus? C. affirme que le gendarme les a volés. Le gendarme répond qu’il les a replacés sur le frigo. Depuis deux ans, C., par l’intermédiaire de son avocat, Me Jean-Pierre Garbade, demande l’inculpation du policier pour vol et abus d’autorité. Silence du côté du juge d’instruction chargé de l’enquête. C’est contre cette absence de décision et ce silence interprétés comme un refus d’inculper que Me Garbade a fait recours hier.
Il signale que le gendarme en question est, dans la même procédure, poursuivi pour faux (il aurait notamment falsifié la signature d’un requérant d’asile sur un procès-verbal d’audition). L’avocat évoque d’autres abus au sein de la police: des disparitions de portables, de drogue, d’argent. Il déplore le fait qu’«on laisse faire et qu’on n’inculpe pas». A ses yeux «il ne faut pas soustraire ces abus» au débat judiciaire. Et dans le cas de son client, il demande non seulement l’ouverture d’une enquête contre le gendarme mis en cause mais la récusation du procureur Graber et du procureur général Zappelli chargés de ce dossier. Il doute de leur impartialité.
De l’autre côté de la barre, Me Olivier Jornot, avocat du policier, rappelle que les trafiquants de stupéfiants n’aiment pas trop les gendarmes, ni leurs chiens, ni le fait qu’on leur saisisse des mobiles ou de l’argent. Or, ce 1er février 2007, son client n’a fait que son travail dans ce foyer de requérants d’asile. Il avait le droit d’encaisser des contraventions. Il a d’ailleurs remis tout l’argent à la caisse du poste de police le jour même.
Et il n’a pas volé les 150 francs restants. La phrase que C. lui attribue: «Je les prends pour mes frais et ceux de mon chien!» est totalement fantaisiste. Il n’aurait jamais prononcé des mots pareils devant deux autres gendarmes qu’il ne connaissait pas. Pour l’avocat, le juge, aujourd’hui procureur, a eu bien raison de ne pas inculper son client.
La Chambre pénale de recours rendra sa décision ultérieurement.
Catherine Focas dans la Tribune de Genève
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