lundi 10 janvier 2011

Un garçonnet arrêté dans son école puis conduit en centre de rétention

Vendredi 7 janvier, à Langeac, en Haute-Loire, des gendarmes sont venus chercher le petit Vazgen Asryan, 6 ans, dans son école, pour le conduire dans un centre de rétention avec son père David, en situation irrégulière.

Les faits se sont déroulés le vendredi 7 janvier, à Langeac, en Haute-Loire : des gendarmes sont venus chercher le petit Vazgen Asryan, 6 ans, dans son école, pour le conduire dans un centre de rétention avec son père David, en situation irrégulière, ainsi que sa jeune compagne. Le jeune homme, d'origine arménienne, avait été arrêté la veille pour une infraction concernant un vol présumé de gazole dans une station-service. Sur place, la mobilisation s'organise pour venir en aide au petit Vazgen, inscrit en CP, et son père, ex-footballeur de troisième division russe, qui évolue comme attaquant dans l'équipe de Langeac. Joint lundi soir au centre de rétention de Nîmes, David Asryan s'explique. 

France-Soir. Quelle est votre situation administrative sur le territoire français?
David Asryan.
J'ai fait une demande de régularisation en octobre, qui a été refusée par la préfecture, puis j'ai lancé un recours au tribunal administratif. Dans le même temps, j'ai un dossier de demande d'asile politique en cours. C'est un réexamen mais c'est un dossier prioritaire. En fait, je suis migrant légal et illégal... Et finalement je me retrouve ici, avec mon fils.

F.-S. Comment s'est déroulée votre arrestation le jeudi 6 janvier?
D.A.
Elle a eu lieu à la sortie d'une station-service. J'avais oublié de régler ma facture de gazole. Le gérant a pensé que j'étais parti sans payer, il a téléphoné aux gendarmes et finalement, ils m'ont arrêté. J'ai réglé le montant mais le gendarme m'a demandé des papiers d'identité, que je n'ai pas pu lui donner. On m'a placé en garde à vue jusqu'au lendemain. Et la préfecture a envoyé un fax demandant à ce que je sois placé en centre de rétention. Vers 15h30 le vendredi, les gendarmes se sont rendus avec moi à l'école. Ils sont allés chercher mon fils, on est tous repartis et on est arrivés à minuit et demi au centre de Nîmes, dans la nuit de vendredi à samedi.

F.-S. Comment réagit votre jeune fils à cette situation?
D.A.
Il a du mal à comprendre. Cet endroit n'est pas fait pour lui. Il pose plein de questions et je n'ai pas de réponses. Il est trop petit pour comprendre tout ça. Il demande pourquoi il ne va pas à l'école, si on est en prison... Je lui dis non, c'est autre chose, c'est pour les gens qui n'ont pas de papiers...

F.-S. Etes-vous prêt à faire le chemin à l'envers ?
D.A.
Non, je ne veux pas repartir. L'Arménie n'est pas un pays sûr et en Russie, j'ai des problèmes d'ordre politique. En plus, mon fils a déjà passé plus de la moitié de sa jeune vie en France: il est arrivé à deux ans et demi et aujourd'hui, il a six ans et trois mois...

F.-S. Quels soucis avez-vous eu en Russie?
D.A.
J'ai travaillé dans une organisation (L'Autre Russie, ndlr) qui préparait une manifestation contre le gouvernement russe. On avait des problèmes avec les skinheads et la police.

F.-S. Comment avez-vous fui ?
D.A.
En prenant un bus de touristes: de Saint-Pétersbourg, nous sommes arrivés à Paris. Ensuite, je suis passé par la Rochelle, où je me suis déclaré à la préfecture. Puis j'ai été transféré ici, avec mon petit.

F.S. Comment se passe votre vie à l'intérieur du centre de rétention?
D.A.
C'est comme ce qu'on voit à la télé, c'est isolé, cela ressemble à une prison. La police nous accompagne dans tous nos mouvements: aller manger, aller voir le médecin... En tout cas, ce n'est   pas un endroit pour les enfants. J'ai dit au juge : « Si vous voulez, gardez-moi ici mais laissez partir mon fils avec ma copine. Sinon, expulsez-nous tout de suite ».

F.-S. Avez-vous un message à délivrer ?
D.A.
Je ne sais pas si c'est bien que je parle, mais je n'ai pas d'autre choix. Je remercie les gens qui nous soutiennent et je veux tout faire pour que mon fils, ma copine et moi sortions d'ici. Et faire le maximum, aussi, pour rester en France.

Propos recueillis par Alban Traquet pour France Soir

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