Sur l'axe de la rue de Carouge, plusieurs affiches vantent un ouvrage dénonçant le «complot juif mondial».
Petit regain d'antisémitisme à Genève. Des affiches ont été placardées ces jours-ci, principalement sur l'axe de la rue de Carouge. Elles reproduisent la couverture d'un auteur français, Hervé Ryssen, pseudonyme d'Hervé Lalin. Ce dernier a milité à l'extrême droite, notamment au Front national mais aussi à Unité radicale, un mouvement dont était membre Maxime Brunnerie, l'homme qui avait tenté de tuer Jacques Chirac en 2002. A la suite de cette tentative, Unité radicale avait été dissoute et une partie de ce mouvement s'est recyclée dans le Bloc identitaire, qui s'est distingué ce week-end en coorganisant des Assises sur l'islam. Avec comme invité de marque Oskar Freysinger, conseiller national udéciste1.
Hervé Ryssen a publié des ouvrages aux titres évocateurs: Psychanalyse du judaïsme (2006), Le Fanatisme juif, (2007), La Mafia juive, Miroir du judaïsme (2009), Histoire de l'antisémitisme [sous titré] vue par un goy et remise à l'endroit (2010). Ces ouvrages sont publiés aux éditions Baskerville et sont principalement vendus via internet. «Il y a eu une campagne similaire à Paris», explique Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation) à Genève. «Mais à notre connaissance, c'est la première fois que l'on retrouve de tels placards importés depuis la France.» Ce qui pourrait signifier que certains liens ont été tissés. La Cicad va-t-elle porter plainte? «L'affaire à été confiée à notre cellule juridique, explique M. Gurfinkiel. La question est toujours de savoir sur quelle base nous pourrions engager une action en droit.» La violation de l'article 261 bis du Code pénal suisse prévoit une poursuite d'office de ce genre de délit. Une dénonciation pourrait suffire. En revanche, sans auteurs clairement identifiés du collage, toute poursuite devient difficile. C'est notamment le cas de ces petits papillons négationnistes qui sont régulièrement glissés dans des boites aux lettres. Clairement contraire à la disposition pénale antiraciste, ils sont anonymes. Et personne n'a été pris la main dans le sac. A défaut d'une action en droit, la Cicad plaide pour un devoir d'hygiène. A savoir le retrait le plus rapidement possible de ces affiches des murs de Genève.
Philippe Bach dans le Courrier
Note : 1Le Courrier du lundi 20 décembre.
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