samedi 11 septembre 2010

L’affaire de Saint-Aignan, à l’origine des discours antiroms, se dégonfle

Un rapport met à mal la thèse de la légitime défense soutenue par le gouvernement et le gendarme accusé d’avoir tiré sur un nomade.

Voilà une affaire qui se dégonfle! Elle avait donné le coup d’envoi aux discours contre les Roms répétés tout au long de l’été par le président Sarkozy et son gouvernement.

En juillet dernier, une voiture force un barrage routier vers Saint-Aignan, dans le centre de la France. Un gendarme tire. Le passager situé à l’avant du véhicule est tué. Le gendarme invoque la légitime défense. La colère s’empare de la communauté des gens du voyage dont une partie met à sac le village de Saint-Aignan.

Aussitôt, Nicolas Sarkozy convoque une réunion d’urgence pour évoquer «les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms». A l’issue de cette séance, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux annonce que 300 camps de Roms seront détruits. Il s’est ensuivi une polémique qui a ému jusqu’au Vatican. Or, l’un des éléments qui a indirectement déclenché cette polémique – la légitime défense invoquée par la gendarmerie – risque de se révéler inexact. L’avocat de la famille du passager tué, Me Jean-Claude Guidicelli, vient d’annoncer que, selon le rapport de balistique, la thèse de la légitime défense ne tient plus. Le ministre Brice Hortefeux s’est d’ailleurs résolu à mettre le gendarme en examen. Une mesure dont il minimise l’impact.

C’est un élément de plus qui vient donner à ce contexte une dimension plus raisonnable, un contexte marqué par les amalgames hâtifs ainsi que par les propos aussi enflammés qu’imprécis.

Ce n’était pas un Rom

Tout d’abord, le fuyard tué n’était pas un Rom de Roumanie ou de Bulgarie, mais un membre des gens du voyage dont la famille est française depuis plusieurs générations. Or, cette affaire a été évoquée pour justifier une série d’expulsions contre… les Roms.

Ensuite, si ce rapport de balistique dit vrai, le véhicule occupé par les nomades français ne pouvait pas mettre en danger la vie des gendarmes. Dès lors, si les autorités s’étaient montrées moins péremptoires quant à cette légitime défense, il est probable que la réaction des proches du fuyard tué n’aurait pas atteint un tel paroxysme, même si la mise à sac d’un village ne peut être justifiée d’aucune manière.

Jean-Noël Cuénod, Paris, dans 24 Heures

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