samedi 11 septembre 2010

Ce requérant ivoirien menacé d’expulsion qui émeut jusqu’à l’UDC

Olivier Cayo, depuis cinq ans en Suisse, est un modèle d’intégration. Son cas secoue Aarau. Yvan Perrin estime qu’il a le droit de rester.

Olivier CayoOlivier Cayo et ses tresses rastas soulèvent les passions à Aarau. Requérant d’asile ivoirien de 22 ans, il vient de recevoir une décision négative du Tribunal administratif fédéral, a souligné la semaine dernière l’Aargauer Zeitung. Son recours balayé, il devrait quitter la Suisse dans quelques jours. Un sort que beaucoup de requérants connaissent. Mais à Aarau, sa situation émeut: le jeune homme arrivé de sa Côte d’Ivoire natale à l’âge de 17 ans, parce que sa mère faisait partie de l’opposition, est un modèle d’intégration. Il vient de passer son bac avec une note de 4,8 et son travail de maturité sur la littérature africaine a été gratifié d’un 6. Très studieux, il n’aurait d’ailleurs aucun antécédent judiciaire.

Son dernier espoir: que Berne accepte de le considérer comme un «cas de rigueur» et lui octroie un permis de séjour. Comme Musa Selimi et sa famille, que Berne voulait dans un premier temps expulser après 20 ans de vie à Genève.

Pour soutenir Olivier Cayo, un groupe Facebook a été créé; plus de 800 courriels lui ont été envoyés. Margrit Stamm, professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Fribourg, comptait l’inviter à un séminaire comme modèle d’intégration. Elle vient d’écrire au Tribunal fédéral en sa faveur. Même le conseiller national UDC Ulrich Giezendanner, argovien, est entré dans la danse. «Il est injuste et inhumain de laisser quelqu’un passer sa matu, de faire traîner son cas aussi longtemps et ensuite de le renvoyer à la maison», a-t-il déclaré à Sonntag.

But atteint en novembre

Olivier Cayo, qui s’est inscrit à la faculté de droit de Neuchâtel, semble lui-même surpris par cet élan de solidarité et peu enclin à pavaner devant les médias. Il se trouve dans une situation délicate: menacé d’expulsion, ce n’est qu’en novembre qu’il aura atteint ses cinq ans de présence en Suisse, un des critères nécessaires pour être considéré comme un «cas de rigueur».

Procédures trop longues

Contacté, Yvan Perrin, vice-président de l’UDC, n’hésite pas une seconde à l’énoncé de son cas: Berne doit faire un geste. «Cela m’irrite de constater que des étrangers qui se comportent mal restent en Suisse alors que l’on somme d’autres, parfaitement intégrés et de bonne volonté, de partir. Nous agissons mal dans les deux sens! Expulsons d’abord ceux qui posent problème et souhaitons la bienvenue aux autres!», déclare-t-il.

Mais à partir de quand quelqu’un peut-il être considéré comme bien intégré? Doit-on privilégier Olivier Cayo, dont Berne n’a pas voulu comme réfugié politique, simplement parce qu’il s’est montré brillant à son travail de maturité? Yvan Perrin: «Il est difficile d’établir des critères précis et il y a forcément une zone grise. Mais pour moi, ce garçon apparemment sans problèmes peut être considéré comme un cas de rigueur. Les cantons ne font d’ailleurs pas assez usage de ce droit de présenter des dossiers particuliers et Berne n’est pas assez flexible: c’est un vrai problème.»

Yvan Perrin a déjà tenu un discours similaire en soutenant, à Neuchâtel, Révérien Rurangwa, victime du génocide rwandais, depuis de longues années en Suisse, mais auquel Berne a toujours refusé d’accorder le statut de réfugié. «C’est un type bien. Au lieu de lui faire des tracasseries, Berne devrait lui permettre de rester en Suisse et se concentrer sur les cas qui posent vraiment problème.»

Le conseiller national Antonio Hodgers (Verts/GE) réagit de façon similaire à l’évocation du cas Cayo. Et pointe du doigt la longueur des procédures d’asile qui donnent à l’immigré l’illusion d’être accepté en Suisse, tout en restant «sur le paillasson, en étant ni dedans ni dehors». Il se dit prêt à un compromis: accepter que les décisions soient prises plus rapidement pour qu’en échange aucun requérant au casier judiciaire vierge ne soit expulsé au-delà de quatre ans. «Une décision plus rapide est aussi dans l’intérêt du requérant: il sait au moins à quoi s’en tenir», précise-t-il.

Un article de Valérie de Graffenried dans le Temps

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