Le départ de la Banque centrale de cet économiste accusé de racisme ne clôt pas le débat sur l’intégration. Bien au contraire.
La pression était devenue trop forte. Moins d’un mois après la sortie de son pamphlet Deutschland schafft sich ab (L’Allemagne court à sa perte) , dans lequel il dénonce «l’islamisation rampante de son pays», l’économiste Thilo Sarrazin a annoncé, jeudi soir à Potsdam lors d’une lecture publique, qu’il renonçait à son poste au directoire de la Bundesbank (Buba).
Presque simultanément, la Buba diffusait un communiqué affirmant que les parties étaient parvenues «d’un commun accord» à ce que l’économiste démissionne fin septembre.
Ce départ à l’amiable de Thilo Sarrazin de la Buba, un peu plus d’un an après son arrivée, arrange bien la classe politique. En effet, la banque avait saisi le président de la République Christian Wulff – seul habilité à le faire – afin qu’il démette Sarrazin. Mais le président avait renvoyé la balle au gouvernement d’Angela Merkel pour qu’il donne son avis.
Ses idées font mouche
Sarrazin éloigné de la Bundesbank, l’affaire est loin d’être terminée, tant les idées défendues par ce descendant de huguenots ont fait mouche, 50% des Allemands affirmant les partager, selon les sondages.
Dans son livre paru fin août, et qui est déjà un best-seller, Sarrazin affirme notamment que le pays «s’abrutit» en raison d’immigrés musulmans mal intégrés et peu éduqués. Il a également évoqué l’existence d’un «gène juif» dans une interview. Une provocation de trop dans un pays traumatisé par le nazisme.
Aussi politiquement incorrecte soit-elle, sa thèse – selon laquelle l’échec de l’intégration des étrangers n’est pas dû à «l’origine ethnique» mais «à la culture islamique» – trouve un grand écho dans un pays où vivent quelque 4 millions de musulmans, essentiellement d’origine turque. «Si j’ai envie d’entendre l’appel à la prière du muezzin, je vais en Orient», écrit ce provocateur-né, en disant craindre que ses petits-enfants ne vivent un jour dans un pays à majorité musulmane.
Où s’arrêtera l’effet Sarrazin? La question passionne l’Allemagne, et certains politologues n’excluent pas que, reprenant les thèses de cet ancien ministre des Finances social-démocrate de la ville de Berlin, un nouveau parti voie le jour. A droite de la CDU d’Angela Merkel, il recueillerait 18 à 20% des voix.
Bernard Bridel dans 24 Heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire