L'administration fédérale refuse de régulariser Mirta Palma, la femme grièvement blessée l'été dernier au centre-ville de Lausanne. Recours en vue.
Le terrible accident de l'été dernier à la place Bel-Air continue d'entraîner des effets en chaîne pour Mirta Palma. Cette Equatorienne sans papiers âgée de 55 ans, qui avait été grièvement blessée lors de l'accident, est sommée de quitter le pays dans les deux mois. L'Office fédéral des migrations (ODM) a rejeté fin juillet sa demande de permis humanitaire, malgré le préavis positif des autorités cantonales. L'avocat de Mirta Palma, Jean-Michel Dolivo, annonce le dépôt d'un recours au Tribunal administratif fédéral. Le 26 juin 2009, une voiture remorquée avait roulé sur un trottoir à la place Bel-Air, au centre-ville de Lausanne. Neuf personnes avaient été renversées, mais Mirta Palma avait été la seule à recevoir de graves blessures. C'est à cette occasion que sa situation irrégulière avait été dénoncée.
Les études de sa fille
Mirta Palma vit depuis 2002 en Suisse, où elle travaillait dans l'économie domestique jusqu'au jour de l'accident. Mère célibataire, elle consacrait une bonne partie de ses revenus aux études de sa fille cadette, restée en Equateur. Elle ne l'a pas revue depuis son départ pour la Suisse, la demande de visa ayant été refusée. Mirta Palma avait émigré après avoir perdu son poste de secrétaire de direction pour raisons économiques.
«Je n'ai plus de courage, réagit-elle. Cette nouvelle me laisse complètement démunie.» Elle dit aussi son incompréhension: «La Suisse passe pour le pays des droits de l'homme. Mais ce que l'on dit n'existe pas». Mirta Palma ne peut envisager de rentrer en Equateur, du moins pas tant qu'elle n'aura pas été soignée. Elle souffre encore de nombreuses séquelles, et devra prochainement subir une nouvelle opération de la cheville. «En Equateur, les soins coûtent très cher, et il n'y a pas de véritables spécialistes», affirme-t-elle. Mirta Palma suit également un traitement psychologique suite au traumatisme provoqué par l'accident.
Soins de bonne qualité
L'Office fédéral des migrations estime que la situation de l'Equatorienne ne justifie pas l'octroi d'un permis humanitaire pour cas d'extrême gravité. Ni la durée du séjour en Suisse, ni l'absence d'antécédents judiciaires, ni ses problèmes médicaux ne constituent des raisons de l'accueillir. L'ODM affirme que les infrastructures sanitaires en Equateur sont de bonne qualité, mais il n'aborde pas la question de leur accessibilité.
En outre, l'administration juge que «les problèmes physiques (de Mirta Palma, ndlr) ne représentent pas un obstacle dans la recherche d'un emploi ou à sa réinsertion dans le marché du travail». Une analyse qui provoque la colère de Jean-Michel Dolivo. «En revenant en Equateur à 55 ans avec un handicap, elle n'a aucune chance de trouver un emploi», lance l'avocat, qui milite au sein du Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers.
L'administration a donné un délai de deux mois à Mirta Palma pour quitter le pays. Mais la procédure de renvoi devrait être suspendue jusqu'au verdict du Tribunal administratif fédéral. Malgré plusieurs tentatives, nous ne sommes pas parvenus à joindre hier le ministre vaudois de l'Intérieur, Philippe Leuba.
Disparités entre cantons
Les régularisations de sans-papiers se font au compte-gouttes. L'année passée, la Suisse n'a délivré que 88 permis humanitaires. De fortes disparités existent entre les cantons, ces derniers étant libres de transmettre ou non les demandes à Berne. En 2009, seuls deux cantons ont fait cet effort: Genève (138 demandes, 63 réponses positives) et Vaud (39 demandes, 22 réponses positives). Berne, Fribourg, Argovie et le Jura ont déposé chacun un seul dossier, et les autres cantons aucun.
Michaël Rodriguez dans le Courrier
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