vendredi 22 janvier 2010

Scolarisation des enfants de Roms: une arrestation sème le trouble


Une mère a été arrêtée et ses trois enfants placés au Service de la protection de la jeunesse. Les autorités de Genève appliqueraient-elles déjà leur nouvelle politique envers les enfants qui mendient? Soit faire intervenir le SPMI en vue de les scolariser de force, voire de les placer en foyer?

Dominique Botti et Mathieu Cupelin - le 21 janvier 2010, 22h16
Le Matin

19 commentaires

La maman et ses trois enfants, apparemment originaires de Cenade, en Roumanie, dormaient dans les locaux de l'Armée du Salut du quartier de Saint-Jean. «Des policiers ont débarqué à l'aube, raconte un gardien des locaux d'urgence. Ils ont embarqué la famille. Je la connais bien. Ce sont des Roms qui mendient, comme beaucoup d'autres. Je n'ai jamais eu de problème avec eux.»

La maman a été arrêtée. Et les enfants ont été placés au SPMI. Hier soir, ils étaient toujours dans les mains des services de l'Etat. Les autres membres de la famille n'avaient pas pu les récupérer. Un garçon de 13 ans a par ailleurs été appréhendé dans la rue et emmené au SPMI plus tard dans la journée.

Pour le gardien de l'Armée du Salut, les autorités genevoises ont commencé leur nouvelle politique lancée mercredi par le conseiller d'Etat genevois Charles Beer (voir encadré). «Je ne sais pas si c'est bien ou mal de forcer un enfant à aller à l'école. Mais au moins on s'occupe d'eux.»

Les associations de défense des Roms ont aussi hier envisagé le pire, tout comme les Roms que «Le Matin» a rencontrés à Genève. Pierre*, arrivé récemment de Roumanie, analyse: «Si c'est vrai, les autorités ont fait ce qu'elles avaient dit. Mais cela signifie-t-il que je n'ai plus le droit de me promener avec mes enfants dans la rue?» Pierre constate que Genève devient invivable. «C'est beaucoup mieux en France.»

Un défenseur des Roms, qui tient aussi à garder l'anonymat, confirme cette pression récente des autorités. «Il y a un durcissement évident. Beaucoup de Roms cherchent aujourd'hui à aller en France. Mais pour cela, il faut de l'argent.»

Le premier-lieutenant Claude Pahud tente de calmer le jeu. «L'arrestation à l'Armée du Salut n'a rien à voir avec les nouvelles mesures du Conseil d'Etat.» Il s'agirait d'une opération de routine, visant une personne qui était recherchée pour une infraction à la loi sur le séjour des étrangers.

Cette version officielle est contestée par Dina Bazarbachi, présidente de l'association Mesemrom. «C'est la première fois, depuis 2004, que des enfants sont emmenés au SPMI. Et pourquoi ne sont-ils pas rendus à leur famille?» conclut la responsable, qui a immédiatement envoyé une lettre au Conseil d'Etat.

* Prénom d'emprunt

«Tant mieux s'ils ne sortent plus mendier»

Au lendemain de l'annonce de nouvelles mesures visant à scolariser les enfants mendiants et à placer en foyer ceux que leur mode de vie mettrait en danger, le conseiller d'Etat Charles Beer justifie une nouvelle fois sa décision. Il dément tout d'abord que l'interpellation de la mère et des trois enfants soit liée à cette nouvelle politique. «Mais qu'il y ait des inquiétudes parmi les Roms, je peux le comprendre. Encore une fois, il ne s'agit pas de mesures de rétorsion contre une communauté. Je ne peux dire qu'une seule chose: les lois s'appliquent à tout le monde. L'intention n'est pas de s'en prendre aux enfants, mais bien de les protéger.» Le magistrat socialiste ne reviendra pas en arrière, persuadé que ces mesures sont «profondément justes». «Je ne comprends pas que l'on puisse douter de l'opportunité d'une action visant à empêcher que des enfants se retrouvent à mendier.»

Si les enfants concernés évitent de sortir mendier de peur d'être appréhendés, «cela me convient bien, je préfère s'ils peuvent rester quelque part au chaud». Le chef du Département de l'instruction publique rencontrera lundi les responsables des foyers et des classes d'accueil qui accueilleront les enfants mendiants.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les requérants d'asile déboutés et non entrée en matière supplient les autorités Suisses d'envoyer leur enfants à l'école ces derniers refusent catégoriquement. Et pourquoi on arrache de force les enfants des Roms pour les instruire contre leur gré?
C'est le monde à l'envers.