jeudi 21 janvier 2010

A Paris, un nouveau point de chute pour les exilés afghans


Candidats à l'asile ou au départ pour l'Angleterre, ils transitent depuis longtemps dans le Xe arrondissement. La mairie leur ouvre un nouveau centre (temporaire) d'hébergement et appelle l'Etat à assurer ses responsabilités.

.B.

Une centaine d'exilés ont dormi dans l'ancien hôpital ces deux dernières nuits.

Une centaine d'exilés ont dormi dans l'ancien hôpital ces deux dernières nuits.

«à l'hôtel» ou «dehors, dans le froid», près du square Villemin, de l'autre côté du boulevard, dont ils avaient été chassé l'été dernier. Ou quai de Valmy, un peu plus loin.

Cette nuit et les suivantes, ces hommes qui ont des mois, des années d'errance derrière eux, auront au moins un toit: depuis dimanche soir, un nouveau lieu, l’ancien hôpital Saint-Lazare, est ouvert pour accueillir «les exilés du 10e arrondissement» de Paris. Au fil des ans, le quartier est devenu le point de passage obligé pour les candidats au passage en Angleterre ou à l'asile en France. Au nombre de quelques centaines, ils sont plus nombreux encore depuis le démantèlement de la «jungle» à Calais.

L’ancien hôpital, destiné à terme à devenir une médiathèque, a été prêté par la Mairie de Paris jusqu’au 31 mars. La gestion quotidienne est assurée par Emmaüs. Les locaux peuvent accueillir une centaine de personnes, avec un système de carte de manière à identifier qui revient chaque nuit, entre 18h30 et 8 heures. En enfilade le long d'un vaste couloir, plusieurs salles d'une trentaine de lits de camp chacune. Au bout, la cuisine. Suivront bientôt des douches, une salle de soins coordonnée par Médecins du monde, un accompagnement pour les démarche administratives, des cours de français... Réfugiés ou demandeurs d'asile, les occupants sont jeunes (26 ans de moyenne d'âge), «particulièrement disciplinés», selon les membres d'Emmaüs sur place, et connaissent pour certains des maladies liées à leur errance: infections respiratoires, maladies cutanées, traumatologie due à la chute des camions...

«Ce lieu, on l'ouvre à la place de l'Etat»

L'association voit l'endroit comme un «lieu de mise à l'abri», pas seulement un toit pour la nuit. «Il ne s'agit pas de créer un lieu communautaire mais d'accueillir dans des conditions dignes une population qui, de fait, est là, dehors», résume Frédérique Kaba, qui pilote l'action d'Emmaüs pour l'arrondissement. «L'objectif est aussi de les orienter vers des structures plus pérennes qui ont vocation à les accueillir, comme les Cada (Centres d'accueil pour demandeurs d'asile)».

Samedi, dans un communiqué, le ministre de l'Immigration Eric Besson avait pris acte de l'ouverture annoncée du lieu, la qualifiant de «solution de mise à l’abri exceptionnelle et temporaire» qui a «vocation à être refermée dès que les conditions climatiques seront redevenues favorables».

Ce qui n'a pas manqué de faire bondir Didier Cusserne, délégué général de l'association Emmaüs: «Comment ose-t-il annoncer la fermeture d'un centre dont il n'est pour rien dans l'ouverture ?»

Car l'ensemble des acteurs le répète, c'est ici à l'Etat de«prendre ses responsabilités». «Eric Besson parle d'un nouveau Sangatte, mais ce nouveau Sangatte, c'est lui qui l'impose! Ce lieu, on l'ouvre à la place de l'Etat parce qu'il faut bien que quelqu'un accueille ces exilés, qui sont là depuis 2002», relève le maire (PS) du Xe, Rémi Féraud, qui réclame de longue date à l'Etat de débloquer des places d'hébergement.

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